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INTERVIEW - "L'Arménie n'est pas riche, et l'urgence est bien présente pour ces déplacés"

L'Incorrect Magazine

Ce dimanche 25 octobre, l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont tombés d’accord sur un cessez-le-feu humanitaire dans le conflit au Haut-Karabagh. Le président de SOS Chrétiens d’Orient, Charles de Meyer, nous livre son analyse de la situation géopolitique et humanitaire dans la région. Et appelle aux volontaires. 

Propos recueillis par Rémi Carlu. 

Où en est le conflit militaire opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh ?

Le conflit militaire est particulièrement sanglant. On parle de plusieurs milliers de morts actuellement dans les deux camps, avec des trêves négociées par l’international qui n’arrivent pas être réellement mises en place, et avec des orages de feu déployés par l’Azerbaïdjan qui bénéficie du soutien des forces armées et du gouvernement turcs, et d’une manne financière extrêmement importante qui vient du pétrole de Bakou. On voit vraiment une opposition de style avec la mobilisation très populaire dans le Haut-Karabagh pour essayer de faire face à l’agression de l’Azerbaïdjan. Régulièrement, les cessez-le-feu ne sont pas respectés. On l’a vu sur les réseaux sociaux hier : le cessez-le-feu a été annoncé dimanche soir et le ministère des Affaires Étrangères de l’Azerbaïdjan annonçait qu’il ne serait pas respecté dès le lendemain à 8h.

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Aujourd’hui, la conciliation internationale est bloquée à cause du paysage international, notamment parce que l’Azerbaïdjan a choisi d’intervenir au moment où la communauté internationale était très divisée sur la question des nombreuses agressions turques et de la situation en Biélorussie. Les partenaires internationaux qui devraient être aujourd’hui autour de la table pour réussir à apaiser la situation, c’est à dire le groupe de Minsk – France, États-Unis et la Russie –, ont des difficultés pour se parler et ont donc une action faible pour réconcilier Bakou et Erevan.

Quelles sont les conséquences humanitaires du conflit dans cette région majoritairement chrétienne ?

Les conséquences sont très immédiates, à savoir la présence de nombreux déplacés internes : des gens du Haut-Karabagh sont chassés de chez eux par la guerre avec les souffrances économiques et personnelles habituelles dans ce genre de cas. Avec la promiscuité qui s’en suit, l’expansion du coronavirus est un danger important. J’imagine qu’il y a aussi des déplacés en Azerbaïdjan mais malheureusement je n’ai pas d’informations à ce sujet.

Pour la situation du Caucase, à cause de l’alliance de l’Azerbaïdjan avec la Turquie, l’expansionnisme turc montre qu’il est aujourd’hui le facteur déstabilisateur de la communauté internationale. Cet expansionnisme pourrait avoir des conséquences graves dans l’ensemble du Caucase et même autour de la mer noire : on voit que l’Iran est mobilisé dans le conflit, et on sait également qu’en Bulgarie et que dans le sud de la Géorgie, des zones sont peuplées par des populations qui sont liées ou qu’Ankara tentent d’instrumentaliser. Voilà un nouveau facteur de désordre, d’autant plus qu’on sait que la Caucase a connu beaucoup de départs pour la rébellion syrienne, que beaucoup de gens sont perméables aux idées islamistes. Ça n’augure donc rien de bon pour la région.

Une mission de SOS Chrétiens d’Orient a été déployée sur place depuis le 1eroctobre. Concrètement, quelles aides apportez-vous à la population locale ?

D’abord, François-Xavier Gicquel, directeur des opérations, et François-Marie Boudet, chargé de communication, se sont rendus à Stepanakert, capitale du Haut-Karabagh, afin de montrer notre soutien et notre solidarité pour des habitants qui font prévaloir leurs droits historiques. Nous reconnaissions largement la légitimité de leur combat.

Nous participons de plus en plus activement à aider les déplacés arméniens d’un point de vue médical avec des aides de première nécessité, donc un travail assez classique pour nous de recension de besoins, de connaissance des personnes et de réponses à leurs nécessités socio-économiques

Ensuite, nous participons de plus en plus activement à aider les déplacés arméniens d’un point de vue médical avec des aides de première nécessité, donc un travail assez classique pour nous de recension de besoins, de connaissance des personnes et de réponses à leurs nécessités socio-économiques. Il faut savoir que l’Arménie n’est pas riche, et que l’urgence humanitaire est bien présente pour ces déplacés. […]

Votre responsablede pôle

Jeanne der Agopian

Directrice de la communication adjointe