Accompagné de Jacques Debacker, délégué régional de SOS chrétiens d’Orient, Yasir Shasha, un Irakien qui a fui son pays, est venu témoigner, lundi, auprès des élèves de seconde du lycée Sainte-Jeanne-d’Arc de Gourin.
Après avoir été contrainte de fuir l’Irak, suite à l’occupation de sa ville par Daech, la famille Shasha a trouvé refuge dans le Finistère, d’abord à Loctudy, puis à Quimper. Un exil loin de la guerre et des persécutions faites aux chrétiens par l’État islamique. « Je suis en France depuis février 2016. En Irak, j’étais professeur à l’Université de Mossoul, en psychologie. Mon français n’est pas encore très bon », s’excuse humblement Yasir. Pourtant, il s’exprime parfaitement bien et ses progrès traduisent une forte volonté d’intégration. « Yasir ne parlait pas un mot de français en arrivant. Les premiers temps, nous communiquions en anglais », atteste Jacques Debacker.
Une famille dispersée
Yasir Shasha est originaire de Karakoch, en Irak, première ville chrétienne du pays située à moins de 30 km de Mossoul. Avec sa femme et leurs deux jeunes enfants, ils ont dû tout abandonner pour fuir Daesh. Une fuite qui a fait éclater la famille Shasha. « J’ai une sœur à Stockholm, en Suède. D’autres membres de ma famille sont en Australie et en Allemagne ». Plusieurs familles de chrétiens d’Irak ont été accueillies dans la région de Quimper, soutenues par des associations. Au fil du temps, ces réfugiés tentent d’oublier la guerre et de se reconstruire.
Daesh leur a tout pris
« Nous avions une belle vie en Irak et les relations étaient bonnes avec les musulmans. Mais Daesh a envahi Mossoul, puis Karakoch à l’été 2014. Ils nous laissaient le choix, entre leur donner de l’argent tous les mois ou devenir musulman, et si nous ne faisions aucun des deux, ils nous promettaient la décapitation. Nous sommes partis pour protéger la famille. Daesh nous a tout volé ! ». Dans un premier temps, Yasir et sa famille ont rejoint la ville d’Erbil, en Irak, où les chrétiens s’entassaient dans les écoles et les terrains vagues. « 70 000 habitants sont partis en même temps. Nous avons rejoint, non sans mal, Quimper, où étaient mes parents et mon frère depuis 2015 ».
Réfugiés politiques
Yasir, son épouse et leurs enfants, ont une carte de séjour avec le statut de réfugiés politiques. Leur ville a été reprise à Daesh, mais la famille Shasha n’envisage pourtant pas d’y retourner. Et puis, avec leur statut, ils ne peuvent même pas. « Tout est cassé à Karakoch. Ils ont brûlé les maisons. Tout est à refaire. Nous n’avons plus confiance, nous avons peur que cela recommence ! », dit Yasir, qui espère que l’avenir de sa famille est en France. « Nous travaillons et les enfants vont à l’école. Nous avons été bien accueillis ». Comme l’a fait son frère, il envisage de faire les démarches pour obtenir la nationalité française.