Bien que né à Jérusalem, le christianisme, tel qu’on le connaît aujourd’hui, s’est élaboré en Syrie. On y trouve l’une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde. Avant l’éclatement du conflit en 2011, les chrétiens représentaient 10% de la population syrienne. La situation s’est aggravée depuis, a déclaré à Sputnik un politologue italien.
Les observateurs constatent que dimanche 9 juin, bien que des médias italiens aient relaté la mort d’une ancienne star du football syrien, devenu «symbole de la révolution contre Assad», le problème des persécutions des chrétiens au Proche-Orient, dont l’exode se poursuit à cause de conditions de vie souvent insupportables et de discriminations en tout genre, n’est pratiquement jamais soulevé dans la presse en Occident.
« En effet, cet épisode a été beaucoup plus largement couvert par les médias que, par exemple, celui de la mort d’adolescents chrétiens, tués par un tir de roquettes des radicaux dans la région d’Idlib. C’est ainsi que cela se poursuit depuis sept à huit ans. À mon avis, le bannissement du thème des chrétiens de Syrie des médias en Occident serait prémédité. Je l’écris d’ailleurs dans mon livre « Siria. I cristiani nella guerra » [Syrie. Les chrétiens dans la guerre] », a indiqué à Sputnik Fulvio Scaglione, journaliste italien et expert en politique internationale.
Et d’ajouter que les chrétiens de Syrie ne cessaient d’essayer de faire connaître en Occident leur vision de la situation qui se distingue de la « vision occidentale politiquement correcte ».
Ils s’appliquaient à prouver que la situation en Syrie « n’était pas telle qu’on la présentait. Ils exhortaient à faire attention au fait que les chrétiens étaient exterminés et que c’était justement le problème qui devait se trouver au centre », a poursuivi l’Italien.
Selon ce dernier, personne ne veut reconnaître qu’en Irak « libéré », les chrétiens se trouvent au bord de la disparition, réduits au cinquième de leur nombre en 2003, soit avant l’ « invasion anglo-américaine ».
« On ne cesse de critiquer le gouvernement syrien, en le qualifiant entre autres d’autoritaire, mais il faut avant tout se soucier des minorités confessionnelles dans le pays. En huit ans de guerre, le nombre de chrétiens a diminué de moitié. Quoi qu’il en soit, ce fait est totalement passé sous silence, parce qu’il ne correspond pas du tout à la vision de la situation par l’Occident », s’est indigné le journaliste.
D’après l’ONG SOS Chrétiens d’Orient, en Irak, il y a trente ans, il y avait un million et demi de chrétiens, mais aujourd’hui selon les chiffres les plus réalistes, on serait autour de 250.000. Le pourcentage de chrétiens en Syrie a baissé de 9 à 6%.
Le thème des chrétiens en Syrie, et en général au Proche-Orient, est extrêmement important, a relevé M.Scaglione.
« Dans les pays du Proche-Orient, où habitent essentiellement des musulmans sunnites et des musulmans chiites, […] les chrétiens garantissent le pluralisme », a résumé l’interlocuteur de Sputnik.
Un article publié sur Sputnik