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DOCTEUR ADEL, DES CHIFFONNIERS DU CAIRE À LA SAINTE VIERGE

Docteur égyptien et auteur de L’appel du Royaume, Adel Ghali s’est fait connaître en mettant ses pas dans ceux de Sœur Emmanuelle, au service des chiffonniers du Caire. Portrait.

 

Fatigué mais souriant, le Docteur Adel Ghali s’installe dans la petite pièce mise à notre disposition par l’association SOS Chrétiens d’Orient. Sans quitter son manteau marron, il m’explique que c’est pour le mariage de Claire, une volontaire rencontrée en Égypte, qu’il est expressément venu en France.

« Cette invitation était une grande surprise pour moi, j’ai la responsabilité de prier pour que le Seigneur Jésus et la Vierge et tous les saints et les anges bénissent ce mariage », me dit-il dans son français aux « r » roulés, en dédicaçant mon exemplaire de son livre L’appel du royaume. Malgré le grand nombre de volontaires croisés dans les bidonvilles du Caire depuis l’ouverture de SOS Chrétiens d’Orient en Égypte en 2018, le Docteur Adel s’applique à conserver les liens avec ses amis français.

EGYPTE
Type d'intervention

Ce petit monsieur d’environ soixante-dix ans est un amoureux de la Providence qu’il voit partout, dans ses rencontres, dans le destin de son pays égyptien, dans sa propre histoire. Peu bavard pour ce qui concerne sa famille, il résume : « mon père et ma mère ont été merveilleux pour dire la vérité. »

En fait, son père est resté très longtemps loin de l’église, tout en encourageant sa famille à y aller, car il avait des problèmes avec sa fratrie. « Comment communier sans s’être réconcilié ? » Mais le docteur Adel est désormais heureux : « Je suis sûr que mon père est au Ciel, dans mon cœur, et je remercie le Seigneur pour ça. » En effet, avant même de se réconcilier avec ses frères et sœurs et de revenir aux sacrements, et grâce à sa forte personnalité, son père n’a jamais trahi le Christ de toute sa vie.

Une autre personne eut une grande importance dans la vie du docteur. « C’est grâce à la Providence et à la Vierge que j’ai rencontré sœur Emmanuelle en 1977 et que j’ai travaillé avec elle pendant dix-sept ans ». Dans les pas de sa grande amie française, le Docteur Adel a donné sa vie pour les chiffonniers du Caire. Pour lui qui ne s’est jamais marié – comme tout bon orthodoxe, il a bien pensé un jour à se faire moine mais avoue ne pas en avoir eu le courage – les chiffonniers sont comme ses enfants, à qui il s’est consacré.

Et de me raconter comment il a fallu faire face au gros problème du tétanos dans le bidonville du Moqattam. Les enfants mourraient dès la naissance car les conditions hygiéniques des accouchements étaient très mauvaises : « les sage-femmes prenaient ce qu’elles avaient sous la main – c’est-à-dire des déchets – pour couper le cordon ombilical. Les enfants qui survivaient étaient des miracles. Nous avons mis en place une campagne de vaccination, en faisant un plan ruelle par ruelle pour être sûrs de n’oublier personne : les chiffonniers ne venaient pas par eux-mêmes. »

Les souvenirs de ses premiers moments dans les bidonvilles, à l’invitation de sœur Emmanuelle, sont nets : il était à l’époque impossible pour lui d’imaginer des maisons en brique, des égouts, de l’électricité… Désormais, tout cela existe, et les enfants ont même accès à l’éducation, je l’ai moi-même constaté lorsque le docteur nous a fait visiter le Moqattam il y a trois ans. Je l’avais vu heureux dans ce quartier de terre battue que nous, Français, considérions encore comme très pauvre. « Leur vie a beaucoup changé, leur vie est plus belle », se réjouit-il encore aujourd’hui avec son petit sourire espiègle.

Rien d’étonnant cependant pour le docteur, puisque déjà mille ans avant Jésus-Christ, Isaïe prophétisait : « Béni soit mon peuple d’Égypte », et que la Sainte Famille a béni la terre égyptienne en y séjournant, preuves en sont tous les monastères et les églises qui ont fleuri aux endroits où elle est passée.

Le Docteur Adel parle très souvent de la Vierge, et en connaissance de cause, puisqu’il l’a réellement vue… pas moins de sept fois ! En avez-vous entendu parler ? La sainte Vierge est apparue à des milliers de personnes, aussi bien chrétiennes que musulmanes, de 1968 à 1971. Ces apparitions avaient lieu aux abords de l’église du quartier du docteur Adel, à Zeitun.

De sa voix essoufflée, notre Égyptien énumère ses différentes visions. « La première fois que je l’ai vue, c’était le samedi saint après la messe de minuit. La Vierge n’était pas venue de toute la semaine sainte, elle ne voulait pas prendre la place de Jésus pendant son agonie ! À quatre heures et demie du matin, j’ai vu les couronnes dorées de la Vierge et de l’Enfant-Jésus. La quatrième fois, la Vierge était douloureuse mais souriante. » Il se souvient, les yeux brillants : « Je ne peux pas la décrire, elle était pleine de lumière, elle bénissait les gens. Parfois, il y avait des colombes lumineuses autour d’elle dans le ciel, on entendait le battement de leurs ailes. »

Le docteur a également eu la grâce de voir la mère de Dieu à l’église sainte Dimiana en 1986, à Assiout en 2000, et au centre Salam d’Ezbeth-el-Nakhl en 2010.

C’est dans ce même centre que le docteur avait rencontré l’association SOS Chrétiens d’Orient. Benjamin Blanchard faisait partie d’un groupe touristique venu visiter les églises et monastères égyptiens, et après avoir rencontré les chiffonniers, a commencé à envoyer des volontaires, encore guidés par le docteur Adel aujourd’hui, même si, précise ce dernier : « Le Seigneur a tout arrangé, je n’ai rien fait. »

Votre responsablede pôle

Pauline Visomblain

responsable Relations presse