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Après le séisme, les syriens attendent une aide comparable à celle que reçoivent les turcs

La Sélection du jour

Dans la nuit du 5 au 6 février, un séisme meurtrier de magnitude 7,8 a frappé la Turquie et la Syrie. Selon le directeur de la branche Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit du « pire désastre naturel dans la région en un siècle ». Bilan provisoire (il pourrait doubler selon l’Onu) : plus de 40 000 morts, plus de 35 000 dans le sud de la Turquie, et plus de 5 000 en Syrie. Mais alors que les aides occidentales auent en Turquie, elles n’arrivent qu’au compte-goutte en Syrie. La Russie, les Émirats arabes unis, le Qatar ou encore la Chine sont intervenus pour secourir les Syriens. Mais à l’exception notable de l’Italie, les pays occidentaux regardent ailleurs pour ne pas avoir l’air de soutenir Bachar el-Assad. Comme si secourir une population revenait à soutenir un régime politique… Curieusement, la question ne semble pas se poser pour celui de Recep Tayyip Erdoğan. Serait-il à ce point plus fréquentable ? Ne représente-t-il pas un danger autrement plus menaçant pour les pays européens – à commencer par la Grèce – que le régime syrien ?

SYRIE
Type d'intervention

Déjà martyrisée par douze ans de guerre civile, la Syrie est sous le coup des sanctions internationales depuis 2019. Elles frappent de plein fouet une population vivant déjà à 90% en dessous du seuil de pauvreté. Ces sanctions empêchent les organisations internationales et les habitants de reconstruire ce qui vient d’être détruit, et de venir en aide aux familles. Aux coupures d’électricité, aux pénuries d’essence et de matières premières, à l’ination et la dévaluation de la monnaie, à l’isolement terrible d’une population injustement sanctionnée par la communauté internationale, s’ajoute aujourd’hui une situation humanitaire désastreuse : des milliers de familles privées de leur domicile, détruit ou ssuré, sont livrées aux rigueurs de l’hiver.

Jean-Rémi Méneau, chef de mission adjoint de SOS Chrétiens d’Orient en Syrie, était l’invité de Midi News Week-End sur Cnews, dimanche 12 février (émission en lien ci-dessous). Une semaine après le séisme, il a dressé l’état des lieux : « La situation est toujours très compliquée, l’aide internationale a toujours beaucoup de mal à arriver dans les zones sinistrées… Nous n’avons toujours pas reçu d’aides de l’Occident ».

Toutefois, l’Italie se distingue entre les pays occidentaux : « Un premier avion militaire transportant de l’aide humanitaire pour la Syrie, a atterri samedi à l’Aéroport international de Beyrouth, en provenance d’Italie » rapporte L’Orient-Le Jour (https://www.lorientlejour.com/article/1328015/un-premier-avion-daides-pour-la-syrie-atterrit-a-beyrouth.html). Pour sa part, la France a fait parvenir 50 tonnes de matériel en Turquie. Damien Denisot, porte-parole de la compagnie maritime d’affrètement CMA-CGM, témoignait sur LCI (https://www.tf1info.fr/international/video-seisme-en-turquie-et-en-syrie-ce-que-contient-l-hopital-de-campagne-envoye-par-la-france- 2247889.html) : « On répond à l’appel de l’aide international de la Turquie avec l’État français. » Avec un hôpital de campagne, ce sont 87 chirurgiens, médecins et pharmaciens que la France a envoyés pour aider la Turquie. Mais la Syrie aurait besoin elle-aussi de cette aide médicale urgente alors que sa population est affaiblie par des années de guerre, l’épidémie de Covid et par les sanctions.

Plusieurs associations humanitaires, dont SOS Chrétiens d’Orient, le Croissant Rouge (l’antenne syrienne de la Croix Rouge) ou encore la Communauté de Sant’Egidio plaident pour la levée urgente des sanctions an de permettre à l’aide occidentale et aux ONG d’intervenir en Syrie. D’autres, comme l’Aide à l’Église en Détresse ou L’Œuvre d’Orient, réclament a minima l’application des exceptions prévues par l’Union Européenne. Sans lever toutes les sanctions, les États-Unis ont autorisé « toutes les transactions liées à l’aide humanitaire ».

Le peuple syrien ne doit pas être victime d’un jeu politique international sur lequel il n’a aucune prise. Chaque vie compte, chaque vie mérite d’être sauvée. Constatant sans doute lui aussi l’abandon dans lequel sont laissés les Syriens, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exhorté le 14 février tous les États membres à fournir « sans délai » près de 400 millions de dollars pour garantir « une aide humanitaire dont près de cinq millions de Syriens ont désespérément besoin ». Notamment « des abris, des soins médicaux, de la nourriture » pour trois mois.

« Les besoins sont immenses (…) nous savons tous que l’aide qui sauve des vies n’entre pas à la vitesse et à l’échelle nécessaires », a insisté le secrétaire général. Il a ajouté qu’un appel similaire suivrait en faveur de la Turquie.

Un article de Philippe Oswald 

Votre responsablede pôle

Pauline Visomblain

Responsable relations presse