Les volontaires fêtent les Rameaux avec les chrétiens irakiens de l’église Saint-Georges de Teleskuf, un village de la Plaine de Ninive.
« Six jours avant Pâques, nous entrons dans la semaine sainte avec la célébration du dimanche des Rameaux. Les catholiques célèbrent le jour où Jésus entre triomphalement dans Jérusalem, ville trois fois sainte. Il est acclamé comme le Messie et le sauveur.
« La foule nombreuse, venue pour la fête, apprit que Jésus venait à Jérusalem ; ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
Traditionnellement, le jour des Rameaux, les Irakiens transportent la croix du christ de maison en maison. Dieu vient à notre rencontre, il nous rend visite chez nous. Il a tant aimé le monde qu’Il a donné son fils unique. Il s’abaisse à notre condition humaine. Par humilité, Il monte également sur un âne et non un cheval ou une mule. Malgré cela, Jésus est reconnu comme le Messie et il est acclamé par tous.
Volontaires, nous partageons ce moment privilégié et fort de cette entrée en semaine sainte avec les Chrétiens d’Irak. Une belle occasion de nous unir autour d’un seul et vrai Dieu. Comme les foules de l’époque, nous reconnaîtrons de nouveau Jésus comme sauveur et Messie.
Nous nous levons ainsi très tôt pour assister à la célébration du dimanche des Rameaux. Dans l’église chaldéenne Saint-Georges de Teleskuf, de grands rameaux majestueux ornent les bancs. L’office célébré par Monseigneur Abris, évêque de Duhok, commence.
J’ai la sensation d’être au milieu du Christ. Tous, revêtus de leurs plus beaux habits traditionnels, portent à la main la traditionnelle branche des rameaux. Ils sont tellement rayonnants dans leurs vêtements traditionnels colorés. J’ai les joues rapidement crispées tellement je souris !
La procession est lente, chaque groupe entonne des chants. Personne n’observe la procession depuis les fenêtres, tout le monde est là, présent, costumés ou non. C’est véritablement la fête.
Au tout devant de la procession, les adultes se relaient parfois pour porter la grande croix en bois. Je reconnais certains visages, et je sens mes yeux se fatiguer à force de les avoir grand ouvert : je ne veux pas rater une miette de cette joyeuse procession.
Au bout de quelques heures et après avoir fait le tour du village, nous nous arrêtons sur une grande place. Un groupe d’adulte se met à danser, en ligne, et tout le monde finit par rejoindre cette grande chaîne humaine. Tout le monde rit, chante. Certains sont curieux, ils me demandent comment se passent les Rameaux en France. Je leur réponds alors que ça n’a rien à voir, que la fête en Irak est si grande que je sais que cela va me manquer pour mes prochains Rameaux.
Le Christ est bel et bien parmi nous, et nous l’acclamons pour de vrai. »
Les volontaires fêtent les Rameaux avec les familles libanaises de la basilique grecque melkite catholique d’Harissa
C’est enfin la Semaine Sainte ! Ou comme on dit ici, au Liban, la « Grande Semaine ». Pour le dimanche des Rameaux, l’affluence est au rendez-vous ; c’est le pic de l’année, me dit-on.
Arrivés avec une heure d’avance, nous avons la grâce de rencontrer un prêtre qui nous propose une visite guidée de la basilique avant que les paroissiens commencent à affluer. Les foules se pressent debout dans l’entrée, et ce, jusque sur l’esplanade. Il faudrait une église deux fois plus grande, et pourtant, elle compte déjà 1000 places assises !
Une table décorée trône devant l’autel, portant des paniers de rameaux d’olivier. Après les premières prières, les lectures et l’homélie, le curé procède à leur bénédiction solennelle. Va-t-il maintenant les distribuer ?
Eh non, il faudra attendre la fin de la messe pour cela ! Malgré l’impatience et un certain inconfort, la dévotion est réelle ; il ne s’agit pas seulement d’une tradition. Nombreuses sont les familles qui prient pour la conversion d’un proche, ou simplement pour la paix ou Liban, alors que l’Église célèbre l’entrée triomphale du Roi des Rois dans Jérusalem.
« Hosanna au Fils de David » crient les enfants de l’Évangile. « Hosanna », répètent les Libanais de tout âge. « Hosanna », c’est-à-dire « Sauve-nous Seigneur ». Un cri de supplication qui s’adresse au Dieu qui va être crucifié, et répandre les flots de sa Miséricorde sur le monde.
À la fin de la messe, la procession s’ébranle et fait le tour du quartier. Derrière les palmes et les cierges, escortée par un cordon de sécurité formé par le groupe scout local, l’icône du Sauveur monté sur un âne est portée majestueusement. Nombreuses sont les femmes qui se pressentent pour la toucher. Chacun veut être proche du Maître qui rentre dans sa Passion. Au Liban, pas besoin de chercher des souffrances artificielles pour lui ressembler. Les difficultés économiques ne sont déjà que trop présentes à tous les esprits. Pourtant aujourd’hui, l’Église se réjouit, car du trône de la croix, il règne, Celui qui a dit « Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Saint-Jean 16,33).
Les volontaires assistent à l’office du lavement des pieds dans l’église apostolique arménienne de la Sainte-Croix à Erevan.
« Par cet après-midi clair de printemps, l’air est pur et frais mais réchauffé par un grand soleil : la météo s’est mise au diapason de ce jeudi Saint, fête de l’Eucharistie.
L’église, massive et d’une belle couleur ocre, se dresse accueillante sur le flanc d’une colline au nord d’Erevan.
Lorsque nous entrons, de nombreux fidèles attendent déjà le début de la célébration, spécialement des femmes accompagnées de leurs jeunes enfants. Nous profitons de ces quelques minutes pour nous recueillir tandis que les paroissiens continuent d’affluer au pied de l’estrade qui porte l’autel.
Le clergé au grand complet entre en procession : une douzaine de servants d’autel de tous âges vêtus de l’aube rouge décorée de croix dorées, le diacre avec son étole, trois prêtres vêtus de grandes capes violettes cousues de fil d’or qui leur donnent des reflets chamarrés, et enfin le prêtre célébrant, vêtu également des beaux vêtements liturgiques, un linge à sa ceinture.
L’office débute par les lectures de l’évangile de saint Jean relatant le lavement des pieds de ses apôtres par Jésus, ainsi que l’explication qu’il donne de son geste : une incitation à nous mettre au service de nos frères en suivant l’exemple de Jésus.
Les volontaires assistent à l’office de la Passion, célébré par Monseigneur Koussa, évêque des arméniens catholiques d’Egypte, dans la cathédrale arménienne catholique Sainte-Thérèse du Caire.
« La procession d’entrée est rythmée par des caisses-claire que frappent les scouts de la paroisse. La fumée et l’odeur de l’encens incitent d’emblée au recueillement. Les mélodies sacrées résonnent dans l’église tandis que Monseigneur Krikor, entouré due Monseigneur Thèvenin, Nonce apostolique en Egypte et de plusieurs prêtres, avance vers le christ crucifié.
L’office commence par de nombreuses lectures et prières récitées dans plusieurs langues par les prêtres assistants. C’est ensuite en langue arménienne, si chère à ce peuple, que les chantres entonnent les psaumes.
Puis vient la descente de la Croix. Le cortège s’avance vers l’autel pour décrocher la statue du Christ. Les servants d’autel montent sur des échelles pour la déclouer, la descendent précautionneusement sur un brancard, puis la recouvrent d’un linceul blanc.
Le brancard est ensuite porté en cortège pour faire trois fois le tour de la cathédrale en une lente procession. Le silence est uniquement brisé par le murmure des prières et le battement régulier des tambours, joués avec solennité par les scouts.
Les volontaires assistent à l’Office des Ténèbres dans l’église chaldéene d’Alqosh, en présence de Monseigneur Thabet, évêque chaldéen d’Alqosh.
« Tandis que Monseigneur Thabet lit l’Évangile, nous suivons la Passion du Christ sur nos missels.
Lors de l’homélie nous prenons le temps de méditer les Saintes Écritures. Ensuite, un long chant se fait entendre, au cours duquel les différents chœurs se répondent, pour finir avec une prière chantée à l’unisson par toute l’église. Les fidèles ne font pas que chanter, ils prient véritablement. Leur ton m’évoque les supplications des croyants vers Dieu, comme s’ils se lamentaient d’avoir perdu le Christ, tellement leur ferveur est puissante.
L’office s’achève par la descente de Jésus de Sa Croix, suivie d’une procession tout autour de l’église de Saint-Georges. Que c’est beau de voir les fidèles marcher de nuit derrière le Christ. Nous sommes tous pêcheurs, mais nous voulons tous suivre le Christ. »
Les volontaires assistent à la mise au tombeau de Notre-Seigneur dans l’église arménienne apostolique Sainte-Anne d’Erevan.
« Sur la route de l’église, nous achetons des fleurs, car nous savons que les Arméniens ont pour coutume de déposer des fleurs sur la tombe du Christ.
Bien que nous arrivions en avance à l’office, l’église est déjà remplie d’une foule dense de fidèles. La croix qui trône sur l’estrade est voilée de noir en signe de deuil. Nous parvenons à nous glisser dans un angle, puis l’office commence. Après quelques lectures, les prêtres entonnent d’une voix puissante et vibrante d’émotion un hymne évoquant la mort de Jésus sur la Croix.
Agenouillés, nous nous laissons porter par la reconnaissance pour son sacrifice qui nous sauve, et le déchirement de contempler sa souffrance à laquelle nous contribuons par nos péchés.
Lorsque l’hymne se termine, un clerc remplace le voile noir sur la croix par un voile blanc symbolisant le linceul de Jésus. Nous nous relevons et les servants de messe se placent en ordre de procession : le thuriféraire ouvre la marche, suivi des porteurs de bannières puis des quatre servants d’autel portant une maquette d’église en bois magnifiquement fleurie représentant le tombeau du Christ, derrière lequel se placent les prêtres puis les fidèles.
La procession s’amorce dans le silence des fidèles, l’un des prêtres entonnant des hymnes de deuil et la cloche de l’église bourdonnant de coups lents aux accents tragiques réservés aux funérailles. Nous suivons cette émouvante procession dans les rues d’Erevan sous les regards bienveillants des « Yerevantsi » et des touristes.
Rendre cet hommage au Christ est comme un baume pour nous, cela nous permet de lui témoigner notre affliction devant Ses souffrances et Sa mort, et de prendre soin de Son Corps en suivant l’exemple de Joseph d’Arimathie. Cela permet également de rappeler à ceux que nous croisons dans la rue que Jésus nous a assez aimé pour Se sacrifier pour nous sauver. Lorsque nous retournons dans l’église, le clergé entame un nouvel hymne, suivi par les fidèles. Cet hymne semble d’abord évoquer le péché, cause de la Passion de Notre Seigneur, et nous multiplions les méthanies en signe de pénitence. Puis lorsque que l’hymne se conclut, il se charge d’une notre d’espérance vibrante en la victoire finale du Christ.
Enfin le prêtre bénit l’assistance et l’office prend fin, nous repartons l’âme emplie de Dieu. »
En la cathédrale arménienne apostolique Sainte-Gayane d’Etchmiadzine, les volontaires assistent à la messe de la vigile pascale, célébrée par Sa Sainteté Karékine II, Patriarche suprême et Catholicos de tous les Arméniens.
L’archevêque entre dans l’église par une procession précédée de la croix et des servants de messe. Il se dirige vers le tombeau du Christ, où il déplace la pierre qui ferme le tombeau et en sort la croix du Christ dans un linceul rouge.
Il la place ensuite sur l’autel pour montrer que le Christ ressuscité n’est plus dans le tombeau. Même avec des gardes, Il n’a pas été enlevé par les disciples ; ils ne l’ont pas pris pour le dissimuler, mais Il est vraiment ressuscité, au ciel, le Dieu qui nous sauve.
L’archevêque enfile la chasuble, se couvre de la mitre et prend la crosse pour célébrer l’office de la Résurrection.
Les prières se succèdent au rythme des processions sous les airs mélodieux de la chorale syriaque catholique.
Devant l’autel, un prêtre tend une vasque et un pot d’eau à l’archevêque avant de verser de l’eau sur la croix pour laver le Christ, comme Il a lavé tous nos péchés en vainquant le mal, en scellant les portes de l’enfer par Sa croix et en ressuscitant puis nous amenant la lumière qui nous conduit vers Lui pour l’éternité.
Pour l’offertoire et le canon de la sainte messe de la Résurrection, la particularité syriaque est que le prêtre fait élève la patène et l’hostie, puis les rapproche de son œil droit, puis gauche puis de sa bouche ; il fait de même avec le calice.
A la fin de la messe tous les fidèles font la queue pour saluer l’archevêque. Nous ne dérogeons pas à la tradition et attendons patiemment notre tour afin de le saluer.