« Ce matin, nous nous réveillons remplis d’énergie. Cela tombe bien car nous n’allons pas manquer de travail physique. Petit déjeuner avalé, nous partons en direction du village de Tegh. Nous profitons en chemin de la vue magnifique sur les montagnes du Syunik par cette claire journée, puis de superbes cahots dans les rues de villages : comme dans la plupart des localités arméniennes, les routes sont en terre et en pierre.
A Tegh vivent David, directeur de l’école, et sa famille ; il a fait appel aux volontaires de SOS Chrétiens d’Orient car il a de grands projets pour son jardin, qui est actuellement à l’abandon et lui sert de décharge : il veut installer une serre pour cultiver des légumes et a besoin de main-d’œuvre.
Il n’y a pas de temps à perdre, nous nous mettons au travail immédiatement après les salutations d’usage. David nous indique le tri à faire entre le tas avec les grosses pierres, les divers objets de fer rouillé et l’amoncellement de bois.
Quant au spectre des objets potentiellement évacuables par le feu, il est tout simplement plus vaste en Arménie qu’en France : les branchages, bien sûr, mais aussi les chaussures, le fil électrique ou encore les gants de travailleur que nous retrouvons dans le jardin…
Bientôt, le voilà métamorphosé, prêt à recevoir une grande serre qui abritera toutes sortes de légumes. Vient alors le moment de l’incontournable pause : pour nous montrer sa reconnaissance, David nous offre le thé et le café accompagné de gaufrettes.
Nos forces reconstituées, il est temps de nous remettre au travail : nous chargeons de grandes planches de bois dans un camion pour un ami de David. Dans l’espace ainsi libéré, nous rangeons soigneusement le bois de chauffage de la famille.
Déplacer tous ces objets lourds est assez physique, mais nous sommes heureux d’aider une famille arménienne à mettre en œuvre un projet qui les aidera à améliorer leurs conditions de vie. C’est aussi pour nous une belle occasion de faire connaissance avec des Arméniens, et d’en apprendre davantage sur leur mode de vie.
Après l’avoir aidé à ranger tout ce bois, nous repartons heureux mais épuisés. David nous remercie chaleureusement puis nous tend la main en signe d’au revoir. »
Le 21 mars, les volontaires célèbrent la fête des mères avec les personnes handicapées de l’Arche à Damas.
« Chaque mère est accueillie avec une fleur en papier, préalablement confectionnée par les personnes handicapées. Puis, les résidents entrent en scène, dansant et chantant. En chœur, ils chantent et forment des cœurs avec leurs bras tout en continuant à danser joyeusement, ce qui nous pousse à les accompagner.
Certains offrent des cadeaux et récitent des poèmes à leurs mères, très touchées par ces présents. Quelques familles mettent en place des jeux de mimes. D’autres allument une bougie pour leur mère montée au Ciel ; d’autres donnent un spectacle à partir de petites pancartes représentant des oisillons qui ont besoin que leurs mères les prennent sous leur aile. Une fois élevés avec amour, ils s’envolent à leur tour par leurs propres ailes vers d’autres aventures.
Après ces quelques instants, place au buffet et à la dégustation du gâteau apporté par nos soins, ainsi que des cupcakes, le tout accompagné d’un café syrien traditionnel offert par l’Arche.
Nous souhaitons une bonne fête à toutes les courageuses mères syriennes, que le Seigneur les comble de grâces ! »
« A l’aide d’un palan, nous devons monter des parpaings pour les maçons qui œuvrent à l’étage. Solène s’installe en haut, je reste en bas.
Après des réticences visibles, les ouvriers se rendent vite compte que nous sommes efficaces et nous laissent faire.
Marie-Loup et Marie-Elisabeth sont affectées au ponçage des rambardes de l’escalier extérieur qui seront ensuite peintes. Les travaux de ce bâtiment, encore en ruine il y a quelques mois, avancent très vite. Le rez-de-chaussée est presque terminé tandis que la structure du premier étage a bien avancé.
Après la pause buvette, les maçons ont besoin de sable pour fabriquer leur ciment. Nous remplissons donc une brouette et l’emmenons au niveau du palan où un ouvrier remplit un seau qui est monté à l’étage.
Avec l’ouvrier nous alternons : je charge la brouette avec la pelle et, tandis qu’il l’emmène à l’élévateur, je charge le seau. Au deuxième voyage, on échange les rôles. Au départ, l’ouvrier a du mal à me laisser faire parce que je suis gauchère et fonctionne donc de l’autre sens mais il se rend vite compte que la brouette et le seau se remplissent rapidement sans que rien ne tombe. Alors que le tas de sable continue de diminuer, une sirène retentit pour signaler l’heure du déjeuner. Nous nous préparons à partir mais le responsable arrive avec un sac rempli de sandwichs qu’il a acheté pour nous remercier. Il nous invite à nous installer dans une petite pièce qui sert apparemment à la fois de bureau, de salle de repos et de salle à manger.
« Nous arrivons dans cette petite maison entourée de voisins, qui nous regardent arriver avec curiosité. Une femme nous accueille, entourée de ses deux jeunes filles. Elle a l’air intimidée par notre présence, alors nous nous armons de notre plus beau sourire pour la mettre en confiance.
La petite fille de 8 ans parlant un peu l’anglais, nous brisons la glace aisément. Sa mère avec un grand sourire nous explique qu’elle est très forte à l’école, et qu’elle est première dans toutes les matières. Nous la félicitons aussitôt : « Afia ! »
Originaire de Mossoul, cette famille a été contrainte de quitter la ville après sa capture par Daech en 2013. En 2017, après Duhok, c’est à Teleskuf qu’ils se réfugient chez des habitants qui les accueillent avec bonté.
La maison dans laquelle ils vivent aujourd’hui appartient à leur cousin : rien du mobilier qui s’y trouve n’est à eux. Fort heureusement nous dit-elle, ils ne paient pas de loyer.
Nous lui demandons par curiosité s’ils souhaitent un jour revenir à Mossoul et elle répond catégoriquement que non, et qu’elle préférerait plutôt aller en France avec un sourire en coin.
Puis, timidement, elle nous fait part de son besoin d’un climatiseur pour la pièce principale, celle que nous occupons, pour supporter les grosses chaleurs qui s’annoncent.
Nous finissons rapidement le bon café et la quittons pour visiter une seconde famille. La petite Fadia nous tape dans les mains pour nous dire au revoir : j’espère les revoir bientôt, avec un climatiseur cette fois-ci ! »
« Situé à la sortie du Caire, le bidonville se trouve au milieu d’une ancienne carrière qui est devenue à la fois une décharge au sein duquel y travaillent les chiffonniers en triant les déchets de la ville, un et lieu de vie pour leurs familles.
Après ¾ d’heure de route, nous prenons les chemins cahoteux du bidonville en zigzagant entre les tas d’immondices. Nous regardons au passage, avec une gêne mêlée de tristesse et de dégoût, les carrés de parpaing qui servent de maisons aux familles. Ils sont couverts d’une bâche ou de tôle pour les plus chanceux, sans toit pour les autres.
Enfin, nous arrivons au centre paroissial, situé en plein centre du bidonville. Après avoir passé le porche, nous nous trouvons dans une cour au pavé brillant, contrastant avec la saleté omniprésente qui règne à l’extérieur. Sur les contours, de petites pièces, au centre, il y a l’église du pape Shenouda III. En la contournant, nous découvrons un nouveau bâtiment qui sert, entre autres pour les cours des enfants, que nous donnons au premier étage.
Les enfants arrivent dans la salle au compte-goutte et leur nombre est très irrégulier entre les séances : nous commençons souvent avec moins de 5 auditeurs pour le finir avec plus de 20, parfois même une quarantaine. Par ailleurs, c’est toujours un véritable défi de les maintenir attentifs car ils sont très turbulents et se dissipent à chaque nouvelle arrivée. Debout devant la classe, nous tentons donc de leur faire apprendre les couleurs, les jours de la semaine, les mois, etc.
Et tandis que les rires des enfants résonnent sur les murs de béton, dehors, leurs parents continuent leur travail routinier : récolter les déchets en ville, les apporter à bord de leurs camions chargés comme pas possible, puis trier ces déchets à la main et enfin les rapporter dans les différents centres de recyclage. »