Hector est un ami de SOS chrétiens d’Orient. Depuis des années, nos équipes connaissent sa formidable association message de paix et son action au profit des personnes marquées par un handicap. Depuis, Hector Hajjar est devenu ministre des Affaires Sociales de son pays, le Liban, dont il est venu parler en Europe au mitan du mois de mars.
SOS chrétiens d’Orient était à pied d’œuvre pour accueillir notre ami en France comme en Belgique. Qui a goûté à l’hospitalité orientale sait quels sont ses devoirs au moment de recevoir ses anciens hôtes. Plateaux de télévisions, rédactions de presse écrite, cocktails, réunions politiques et autres, le programme d’Hector Hajjar accumula les exercices de style habituels dans ce genre de visites.
Son message était effrayant pour tous les amis du Liban. Pour le ministre libanais des Affaires Sociales, la présence de près de deux millions de réfugiés syriens dans le pays risque d’engendrer l’implosion générale du pays. Par ailleurs, les campagnes médiatiques appelant à la suspension du financement de l’agence spécifiquement dédiée à l’aide des réfugiés palestiniens dans les pays voisins du Liban apportent un nouveau risque de déstabilisation du pays à partir du durcissement des conditions sociales dans les camps.
Dans une tribune parue sur le site du Figaro Vox, Hector Hajjar considère que la communauté internationale considère désormais la disparition du Liban comme « une hypothèse de travail » et, dans le JDD, que les Libanais seraient remplacés dans leur propre pays. Ce constat accablant ne doit pas masquer le reste des contradictions qui minent le pays du Cèdre : accaparement de l’Etat par diverses milices, dont le Hezbollah, conciliation de communautés qui s’éloignent de plus en plus d’un modèle national, poids de la corruption, etc.
La syrianisation du pays par le fait
À ces questions, les réponses d’Hector Hajjar furent toujours les mêmes : toutes les réformes, tous les progrès, tous les accomplissements que certains exigent du Liban seraient bons, mais ils n’adviendront jamais dans un pays effacé. Or le rythme démographique des réfugiés syriens fait entrer le pays des Cèdres dans une trajectoire intenable qui pourrait aboutir finalement à la syrianisation du pays par le fait, quand tant de Libanais craignaient qu’elle advînt par la conquête ou l’occupation militaire.
Il est toujours frappant de voir un ministre se battre. C’est une habitude à ce point perdue en France qu’elle est touchante. Mieux, de voir un ministre croire à son message politique comme un engagement déterminant pour l’avenir de son pays. S’il ne me revient pas de juger de son opportunité partisane au Liban, je ne peux que partager avec les lecteurs de Politique Magazine les récits de la stupeur de ses interlocuteurs qui se voyaient exposer les conséquences concrètes de leurs stratégies aveugles et généreuses pour les immigrés liés au conflit syrien.
Les sages démocrates n’avaient pas envisagé que les petits Libanais étaient aussi porteurs d’une identité, de combats, de mémoires, d’aspirations à l’unité. Ce qu’ils refusent déjà de voir chez nous, ils voulaient le laisser faire, voire le soutenir au Liban. Au risque de générer une crise supplémentaire au Proche Orient et un nouvel afflux de migrants jusque dans nos pays. Déjà des radeaux de la mort quittent le port de Tripoli. Hector Hajjar aura cherché à convaincre Français et Européens de déciller leurs regards sur le pays. Avant qu’il ne soit trop tard.