irakiens à bâtir des écoles »
Arthur du Tertre est secrétaire de l’ONG « SOS Chrétiens d’Orient ». Depuis l’été, il est parti trois fois en Irak auprès des réfugiés chrétiens pourchassés par les djihadistes de l’État islamique.
Dans quelle zone intervient SOS Chrétiens d’Orient ?
Nous avons établi notre base à Ankawa, à côté d’Erbil, dans le Kurdistan irakien. Nos opérations précédentes, dans la plaine de Ninive ont été suspendues en raison de l’arrivée de l’EI. On compte aujourd’hui 26 camps de réfugiés, souvent montés autour des lieux de culte. Les yazidis, arrivés à pied depuis le Mont Sinjar après 19 heures de marche dans les montagnes, sont depuis repartis vers le Nord.
Concrètement, quelle est votre action ?
Au quotidien, nous sillonnons ces camps pour parler avec les réfugiés, identifier les besoins et leur apporter des aides ponctuelles concrètes comme la fourniture de centaines de repas. Plus symboliquement, nous voulons entretenir le lien qui a longtemps existé entre la France et les chrétiens d’Orient.
Avez-vous des projets à plus long terme ?
L’éducation nous semble une priorité. Il nous faut absolument aider les réfugiés à monter des écoles. Les enfants kurdes ont repris le chemin des classes, mais pas ceux des réfugiés. Nous voulons donc monter une école en préfabriqué à Mangesh, au nord de Duhok.
Qui assurera les cours ?
Les professeurs sont là, réfugiés eux aussi, mais il manque les infrastructures. Pour celà, il nous faut réunir un budget de 70.000 dollars. Et nous souhaitons faire la même chose à Ankawa, mais le projet est plus ambitieux et représente un budget double.
Que vous disent les réfugiés que vous rencontrez dans les camps ?
Tous ressentent un profond déchirement car fondamentalement, ils sont chez eux. Mais aujourd’hui, ils ne voient pas quel peut être leur avenir sur place. Leur horizon est bouché. Par ailleurs, il faut savoir que les persécutions qu’ils ont subies ont été commises par des sunnites de leur voisinage, poussés à la violence par les jihadistes. Cela risque de compliquer durablement les modalités du retour.
Si les chrétiens d’Irak connaissent un sort tragique, le bilan en termes de morts demeure limité. Pourquoi ?
Les jihadistes ont posé un ultimatum aux chrétiens qui n’ont eu que quatre choix : se convertir, payer l’impôt, fuir, ou se faire tuer. La fuite a été la solution choisie par la plupart d’entre eux ce qui a sans doute évité des tueries comme les chiites ont pu en subir. Mais les exactions ont été très violentes. Certains ont tout perdu, d’autres sont traumatisés. Et leur avenir demeure très incertain. Avec l’association, nous essayons de diffuser leurs témoignages en les aidant quotidiennement.