En France, des élèves font la moue devant la perspective de journées à rallonge. En Irak, ils sauteraient plutôt de joie à l’idée de se retrouver en classe. Ce consultant lyonnais à la retraite vient d’y passer quelques jours, pour l’inauguration officielle d’une école dans la capitale du Kurdistan irakien, îlot relatif de tranquillité dans une région déchirée par la guerre civile.
Depuis l’été dernier, des dizaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge à Erbil pour fuir les persécutions de « Daesh » (l’État islamique). En lien avec l’association française SOS Chrétiens d’Orient, très mobilisée, Michel Tavernier, membre de l’association catholique la Société Saint Vincent de Paul, s’est chargé avec une équipe de bénévoles, de récolter des fonds pour faire aboutir ce projet à 81 000 euros.
L’établissement a ouvert ses portes à quelque 300 élèves le 11 mars, dans le quartier chrétien d’Aïn Kawa. Il se compose d’une trentaine de bungalows. La scolarité est gratuite et les cours (primaire et secondaire) y sont assurés par des professeurs recrutés parmi les déplacés et rémunérés par l’État irakien.
Si Michel Tavernier s’est autant investi dans ce projet, c’est d’abord parce qu’il considère que l’éducation et l’apprentissage à l’esprit critique, tout autant que la transmission de la mémoire, sont des dispositifs essentiels à maintenir dans ce Moyen Orient où « Daesh » cherche à étendre l’emprise de sa propagande meurtrière. « Ils n’ont plus confiance dans l’avenir de leur pays », rapporte le Lyonnais. Le marché de l’emploi est assez fermé au Kurdistan pour les chrétiens qui, en outre, ne maîtrisent pas la langue kurde. Mais pour s’en aller, il faut de l’argent et des réseaux inaccessibles aux foyers les plus dé munis. Aussi la présence d’une école est-elle, pour leurs enfants, une nécessité d’autant plus vitale.