Dans la vallée de Nahla, Benjamin Blanchard, directeur général de SOS Chrétiens d’Orient, et Jean Vallier, directeur de la communication, visitent les lieux du projet de rénovation de 500 mètres du canal d’irrigation qui alimente en eau les terres agricoles de la vallée.
« Le nez collé à la vitre de la voiture, nous ne voulons rien perdre de la beauté brute qui s’étale sous nos yeux : montagnes majestueuses, plaines infinies, une nature encore sauvage. Après quelques virages abrupts, nous atteignons le point de rendez-vous. Un groupe d’hommes nous attend : ce sont les représentants du village de Nahla, niché au cœur de la vallée du même nom.
Les salutations sont chaleureuses : poignées de main, accolades, puis nous partons, guidés par nos hôtes, à travers une forêt dense et silencieuse. Le sentier, escarpé et bordé de pins, serpente à flanc de montagne. En contrebas, un cours d’eau scintille entre les rochers.
Un agriculteur nous raconte que la vallée abrite sept villages chrétiens, peuplés de familles assyriennes installées ici depuis quatre générations. Leurs ancêtres ont fui les massacres perpétrés par la Turquie pendant et après la Première Guerre mondiale, cherchant refuge dans cette terre fertile.
Après vingt minutes de marche, nous atteignons un promontoire qui offre une vue imprenable sur le cours d’eau en contrebas. Le Mokhtar, chef du village, nous explique que cette eau irrigue les terres agricoles des sept villages alentours. Mais le canal d’irrigation, construit il y a des décennies, est aujourd’hui trop vétuste. Mal entretenu, fissuré par endroits, il ne permet plus une distribution équitable de l’eau. Le reste s’écoule librement, exposé aux sécheresses, aux crues et aux blocages naturels.
L’enjeu du projet devient alors évident : canaliser toute cette eau de manière durable afin de garantir un approvisionnement régulier et pérenne pour tous.
Sept kilomètres à réhabiliter, pour garantir la survie économique de sept villages. Un projet simple dans son objectif, immense par ses répercussions.
À l’issue de la visite, les villageois nous invitent à déjeuner. Fidèles à la légendaire hospitalité irakienne, ils nous reçoivent comme des frères. Dolma, riz parfumé, poulet rôti, soupe aux herbes,… Nous avons même l’honneur de goûter le riz et le yaourt issus de leur propre production. Un délice.
Nous quittons la vallée de Nahla le cœur plein. Plus besoin de présentations, désormais nous nous connaissons. Une relation s’est tissée, solide et sincère. Et en repartant, une certitude s’impose : ces familles méritent bien plus que notre aide. Elles méritent notre engagement durable. À notre prochain passage, les travaux auront commencé. Cette pensée seule suffit à nourrir notre espérance. »