« Nous arrivons dans la matinée à Torfavan, sous un soleil déjà brûlant. Devant la petite mairie, Aaron, le maire du village, nous accueille avec son sourire habituel. Après trois mois de mission, nos échanges se sont transformés en grandes accolades chaleureuses accompagnées de son joyeux « Barev Juliajan ! Lav es ? ».
Nous grimpons dans son 4×4, indispensable pour parcourir les chemins accidentés de la plaine de Vardenis. Arrivés au champ de pommes de terre, nous retrouvons une famille avec laquelle nous avons déjà travaillé.
Romain, Timothée et moi nous mettons immédiatement à la tâche. Le tracteur, équipé d’une arracheuse à pommes de terre, traverse le champ, laissant derrière lui une traînée de tubercules. Rapidement, chacun trouve son rôle : Timothée aligne les pommes de terre éparpillées, Romain trie les petites (pok’r), et je m’occupe des grosses (mets) et des abîmées (brak).
Pendant ce temps, Armine, l’épouse d’Aaron, prépare un déjeuner traditionnel : pommes de terre cuites à l’étouffée dans du fumier, légumes marinés, jus de framboise et pain lavash. À 15 heures, après ce festin, nous reprenons le travail dans le champ d’Hovik, un peu plus loin.
Malgré la fatigue, toute la famille d’Hovik est avec nous. Sa mère, une septuagénaire aux mains expertes, s’active sans relâche. Maryam, son épouse, veille sur nous avec des cafés et des chocolats. Les sacs, remplis de dizaines de kilos de pommes de terre, sont transportés par Timothée et Romain jusqu’au camion, puis rangés dans une réserve souterraine pour les protéger du gel hivernal.
Le travail continue jusqu’au coucher du soleil. Les montagnes s’embrasent de rose et d’or, tandis que les vaches et les moutons regagnent l’étable. Avant de rentrer dîner, nous savourons un dernier café, profitant encore un peu de la sérénité du paysage.
Chez Hovik, l’accueil est chaleureux. Autour d’un bouillon de pommes de terre, nous partageons un repas simple mais réconfortant. Épuisés, nous nous endormons rapidement, prêts à reprendre la récolte dès le lendemain matin. »