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Actualités des missions – Juillet 2024

ARMÉNIE

Les volontaires aident une famille de six enfants à aménager leur future cuisine en appliquant du plâtre sur les murs de la pièce.

« Aujourd’hui, nous faisons la rencontre d’une famille de six enfants, profondément touchante par son accueil chaleureux et son histoire poignante. Il y a quatre ans, le père est mort au combat, laissant derrière lui une mère aux prises avec des problèmes de santé. Les enfants, dont la maigreur est frappante, nous accueillent avec une certaine méfiance et timidité, mais quelques photos prises ensemble suffisent à briser la glace.
 
Notre mission du jour consiste à appliquer du plâtre sur les murs et à reboucher les trous pour préparer la future cuisine. Nous nous investissons avec tout notre cœur dans cette tâche, touchés par la générosité de cette famille qui, malgré ses propres difficultés, insiste pour nous offrir café, boissons rafraîchissantes et leurs meilleures confiseries, nous traitant avec un respect peu commun.
 
Chaque enfant désire vraiment participer : l’un balaie, un autre applique le plâtre, un troisième nettoie le carrelage. La mission se déroule dans une ambiance joyeuse. Pendant que nous travaillons, nous chantonnons quelques airs français tandis qu’eux répondent par des chansons arméniennes, créant ainsi une atmosphère de complicité et de plaisir, tout en demeurant concentrés et efficaces.
 
Les enfants sont enchantés de nous présenter leurs animaux de compagnie, leurs chiens joueurs et leur chat adorable. Ils sont fascinés par l’appareil photo, réclamant à tout moment de poser ou de prendre des clichés. Quelle joie de voir leurs visages rayonner de sourires radieux malgré les épreuves qu’ils traversent. Leur résilience nous offre une précieuse leçon de vie, nous aidant à relativiser nos propres soucis.
 
Nous nous sentons tellement bien à leurs côtés que nous refusons de quitter le chantier sans avoir parfaitement accompli notre mission. C’est à 19h30 que Miasnik, notre chef de chantier, nous convainc enfin de ranger nos spatules, nos balais et nos vêtements couverts de poussière. Nous attendons avec impatience notre prochaine rencontre avec cette famille exceptionnelle. En donnant de notre temps, nous recevons bien plus en retour. »
SYRIE

Des cours de taille de pierre à Alep

Des bruits cadencés semblables à des coups de pioche, résonnent dans le sous-sol du centre culturel de SOS Chrétiens d’Orient à Alep. Ce ne sont pas des nains cherchant un nouveau tunnel, mais des étudiants qui tapent avec massette et burin sur de gros blocs de pierre.
 
« La formation de taille de pierre, dispensée par M. Jony, entame une nouvelle session. Deux fois par semaine, pendant deux heures, les étudiants se réunissent dans les locaux prévus à cet effet.
L’objectif de cette formation est de les initier au métier de tailleur de pierre en leur enseignant le maniement des outils, les techniques de taille et les règles de sécurité. Les cours accueillent six bénéficiaires aux profils variés : en recherche d’emploi, en reconversion professionnelle, ou étudiants, tous unis par le désir d’acquérir de nouvelles compétences.
 
Dans un premier temps, les élèves tracent une rosace à l’aide d’un calque directement sur la pierre. Une fois le dessin reproduit, ils disposent des repères nécessaires pour débuter la taille.
 
Certains hésitent à frapper fermement de peur de casser la pierre. Au début, hésitants, le professeur Jony leur montre rapidement les techniques de taille, la manière de frapper avec le burin et de tenir les outils. Grâce à ses conseils avisés, les élèves progressent et l’on voit les rosaces prendre forme progressivement dans la pierre.
 
La patience et la persévérance sont essentielles pour progresser. Petits coups par petits coups, les élèves voient leurs progrès gravés dans le calcaire.
 
SOS Chrétiens d’Orient s’engage à offrir aux chrétiens des opportunités de formation afin de les aider à trouver un emploi et à retrouver une stabilité dans leur vie quotidienne souvent difficile. »
LIBAN

« Je t'aime, ne pars pas ! »

Depuis trois mois, les activités de SOS Chrétiens d’Orient ont repris au cœur de la ville chrétienne de Zahlé.
 
Nous avons été envoyés pour notre nouvelle mission à Zahlé remplis de motivation et d’excitation. En attendant notre futur appartement, nous avons été hébergés au couvent tenu par le père Joseph, prêtre grec melkite catholique, également responsable de l’orphelinat Foyer de l’Amitié, où nous irons de nombreuses fois animer des activités pour les enfants.
 
Nous avons travaillé avec enthousiasme à établir un solide carnet d’adresses afin de lancer des activités et projets variés. Nous avons contacté et rencontré les archevêchés des différentes Eglises de Zahlé, de nombreuses associations et des écoles, et trouvé un appartement pour être au plus près des différentes paroisses et nous déplacer à pied quotidiennement.
 
Très rapidement, nous avons su nous repérer et prendre nos marques dans cette jolie ville de Zahlé, nichée entre le Mont Liban et la Bekaa, grâce notamment à l’accueil chaleureux des Zahliotes.
 
Zahlé, quatrième plus grande ville du Liban, conserve un esprit de village où tout le monde se connaît. Nous avons aussi été agréablement surpris par le nombre d’églises, de coutumes et de traditions, qui démontrent une histoire extrêmement riche. La foi et la générosité des habitants est fascinante, ainsi que leur envie de partager leurs traditions et coutumes.
 
Après trois mois d’actions dans la Bekaa, nous dispensons des cours de français et d’anglais et donnons des cours de soutien scolaire dans plusieurs écoles et orphelinats. Nous aidons à reconstruire un monastère, participons à des donations aux familles avec des associations et paroisses, et vivons pleinement la vie paroissiale lors des différentes fêtes et traditions de la ville.
 
Nous travaillons avec plus de 20 organismes différents, à travers les trois piliers de SOS Chrétiens d’Orient : l’éducation, le social et la reconstruction.
 
Au Foyer de l’Amitié, nous donnons des cours de soutien scolaire et organisons des activités sportives et ludiques, à l’école des sœurs Saint-Cœur, nous enseignons le français. Avec la Jeunesse Croix-Rouge Libanaise, la Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC) et différents groupes scouts, nous réalisons des activités, randonnées et travaux.
 
Avec l’association Les Amis des Gens Oubliés, nous cuisinons et distribuons des repas aux familles dans le besoin. Nous aidons à rénover le monastère du Christ-Rédempteur ainsi que la cave du Père Hanna, une petite propriété viticole qui a grandement besoin d’aide pour sa construction.
 
Ce qui nous touche le plus dans cette mission, c’est la proximité avec les habitants et les belles relations que nous avons nouées.
 
Je me souviens particulièrement de Mireille pour son accueil maternel et son dévouement dans la distribution de repas aux familles dans le besoin.
 
Je me rappelle de la joie et de l’hospitalité du père Elie, prêtre rédemptoriste, qui s’est réjoui de notre venue à Zahlé et avec qui nous travaillons à la rénovation de son monastère.
 
Je me remémore également les discussions avec Jean et Issam, membres de l’association Les Amis des Gens Oubliés, ainsi que de notre amitié avec Irène, une paroissienne.
 
Enfin, j’ai été profondément ému par les enfants de l’orphelinat du Foyer de l’Amitié. Leur sincérité et leur attachement se manifestent de la manière la plus touchante lorsqu’ils nous disent simplement : « Je t’aime, ne pars pas. »
IRAK

L'espoir d'être réuni avec ses enfants renaît.

A Teleskuf, les volontaires rencontrent Sami, un irakien vivant dans une maison délabrée, séparé de ses enfants.
 
« Ouvrant la porte de fer bleu délavé, Sami nous accueille avec un grand sourire dans la cour d’une maison délabrée. Les fissures présentes sur chaque mur, les déchets jonchant le sous-sol sans porte et les pièces dénuées de tout meubles ou décorations témoignent de la précarité dans laquelle cet homme vit seul.
 
Il nous invite à nous asseoir dans la seule pièce meublée de son logis et nous offre à tous un jus de fruit.
 
D’emblée, il nous expose sa situation précaire, comme s’il avait besoin d’en parler, d’exprimer la souffrance associée à son vécu. De sa voix tremblante, il nous raconte qu’il vit à Teleskuf depuis sa naissance et qu’il est père d’un garçon de 14 ans et une fille de 13 ans. Mais, ayant perdu ses parents plus jeune et étant séparé de sa femme depuis quelques années, il vit malheureusement seul.
 
Ses enfants sont pris en charge par l’orphelinat d’Alqosh car il n’a pas les moyens de les loger. Pour l’instant, ils le visitent pendant les vacances. Il est très reconnaissant de l’aide de l’orphelinat, car il y a de cela quelques années, sa fille atteinte d’un cancer fut soignée entièrement aux frais du centre.
 
Soudain des larmes montent aux yeux de Sami et sa poitrine se soulève saccadée par les sanglots naissants…
Il a honte de la misère dans laquelle il vit depuis longtemps. Il souhaite reprendre sa vie en main pour accueillir sa famille plus souvent.
 
La bâtisse dans laquelle nous nous trouvons lui a été prêtée après l’effondrement de son ancien domicile dans la rue juste en face. Malheureusement vu l’état déplorable de la maison, il ne peut vivre que dans une seule pièce lui servant de cuisine, salon et chambre.
 
Sami fait donc appel à notre association pour l’aider à meubler les quelques pièces qui accueilleront ses enfants. Il nous demande un tapis et une télévision pour leur chambre et le salon. Et cela tombe bien car aujourd’hui, nous sommes là pour lui donner ces équipements. Quel bonheur de voir un sourire fendre son visage et l’espoir naitre dans ses yeux à la perspective d’habiter bientôt avec ses enfants.
 
Alors que nous faisons un rapide tour du propriétaire, il nous dit qu’il a, dans le passé, occupé différents postes mais rien de très stable. Tantôt travaillant dans la gestion de stocks, tantôt dans un bar de Teleskuf, il travaille aujourd’hui à Bagdad périodiquement mais il ajoute que les trajets sont longs, épuisants et couteux. Alors, la générosité de l’Eglise et des habitants de Teleskuf subviennent à ses besoins alimentaires. Les agriculteurs lui donnent même des sacs de grains de blé qu’il peut revendre par la suite.
 
Pendant cette visite, nous remarquons qu’en tant qu’homme très pieux, il collectionne un grand nombre d’icônes religieuses dans chaque pièce de son foyer. Voyant Jean s’approcher de l’une d’elle, Sami saisit la statuette et l’offre sur le champ à notre blond à lunettes. Incapable de refuser une telle attention, nous acceptons l’icône et lui trouvons une place dans la maison des volontaires. »
EGYPTE

« Pourquoi tu n'es pas morte à la place de mon fils ? »

« Cette fois je suis persuadée que c’est la bonne. Je vais vriller et je vais le taper. Je me mords la langue pour ne rien dire… je serre mes poings le plus fort possible pour ne pas laisser libre cours à ma haine.
 
Elle est là dans l’embrasure de la porte, debout, chétive, muette. Son regard est plongé dans le mien et dans le silence je vois son âme.
 
A sa gauche, il est là, appuyé sur une canne en bois, hargneux. Il crache son venin sans discontinuer. Il a mal, il est blessé et pour oublier sa propre douleur, il hurle contre sa belle-fille.
 
Il est 15h05 ce jour là quand nous pénétrons chez cette veuve égyptienne. Nous sommes dans le bidonville des 500 à la périphérie d’Alexandrie. Son mari est décédé il y a quelques semaines. Depuis, comme toutes les veuves égyptiennes, elle porte le noir en signe de deuil. L’on m’a prévenu que désormais son quotidien est fait de larmes et de souffrance et que seule notre visite brise momentanément ces instants de douleur.
 
Assise à même le sol, elle paraît frêle et triste.« Soyez les bienvenus », nous dit-elle, « mon fils Mina est en train de se reposer dans la chambre, nous pouvons rester discuter ici ». Son mari était marchand d’oignons. Elle l’aidait à les préparer et à compter les revenus. N’ayant jamais été scolarisée, elle ne sait ni lire, ni écrire. La journée, elle ne sort pas, par crainte des gens dans la rue.
 
A notre demande, elle entonne un chant à la Vierge et comme une réponse à son cantique nous en entonnons un en Français. Elle souhaite nous voir rester, parler de la pluie et du beau temps, ne plus être seule.
 
Alors nous restons, cherchant par tous les moyens des sujets de conversation qui ne lui rappellent pas son mari.
Je lui parle du monastère de Dronka en Haute-Egypte où la Sainte Famille a vécu pendant la fuite en Egypte. Son visage s’illumine momentanément. Elle y est allée, elle connaît, elle sourit.
 
Mais son visage change soudainement, ses démons reviennent. Elle fond en larmes. Nous sommes impuissants, assis autour d’elle.
 
Notre interprète prend le relais, le responsable de l’église fait quelques blagues, elle reprend une contenance.
Le temps passe et nous devons poursuivre nos visites aux familles du bidonville. Cérémonieusement nous nous levons, prenons, à sa demande, une photo avec elle et redescendons les marches de l’immeuble.
 
Je suis restée derrière, avec elle, en retrait. Je prends le temps de descendre, je ne suis pas pressée et je n’ai pas envie de la voir se casser la figure dans les escaliers. Sur le perron, je me retourne vers elle et la serre dans mes bras. Je n’ai rien envie de dire. Je suis juste émue.
 
Je la vois sourire discrètement et sens sa main sur mon dos. Et alors, je l’entends, lui… cet Egyptien à moitié endormi sur le bas côté du sentier quand nous étions arrivés quelques minutes plus tôt.
 
Ses hurlements dépassent le niveau acceptable de civilité. Je me retourne, n’ayant pas saisi jusqu’à présent ce qui se passait. « Pourquoi tu leur souris ? Pourquoi tu es descendue ? Mon fils est mort et toi tu es encore en vie. Pourquoi tu n’es pas morte à sa place ? Tu ne mérites pas de vivre. » Je crois rêver. L’interprète tente, tant bien que mal, de nous traduire ses mots acérés. « C’est son beau-père », nous prévient-elle également.
 
Surprise, je ne bouge pas mais comme un réflexe de protection, je sens mes muscles se tendre. A cet instant, je le sais, il n’en faut pas beaucoup pour que je perde mon sang froid. J’ai l’habitude de me canaliser, mais avec mes années de boxe, mes muscles se souviennent et je les sens prêt à se déchaîner. Alors je me retourne, agrippe mon visage avec mes mains et crie intérieurement pour ne pas faire de scandale. Je ne suis pas dans mon pays… qui sait ce qu’il pourrait advenir si, en pleine rue, une échauffourée éclatait entre un occidental et un local. Nous sommes 4 Françaises et 3 Egyptiens à assister à la scène. Personne ne dit rien, tout le monde se regarde impuissants. Nous hésitons entre monter dans le van pour partir le plus vite possible ou rester figés.
 
Alors je fais la seule chose que je sais faire, je me tais, je la regarde et j’écoute sa peine. Je lui souris et je monte dans le van, luttant désespérément contre mon énervement.
 
Les cris ne s’arrêtent pas, l’interprète à ma droite fond en larmes, elle est veuve également. La situation la touche de très près, trop près. Personne ne parle, le trajet se termine en silence.
 
Je ne saurai certainement jamais si nos réactions étaient les bonnes, si nous aurions dû agir pour le calmer et lui faire retrouver le sens de la réalité. Mais aujourd’hui, je sais qu’un sourire est aussi bien un baume au cœur qu’une flèche empoisonnée. »