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Actualités des missions – septembre 2024

ARMÉNIE

Les volontaires aident Garrik, un arménien de la région du Sunik, à récolter les mûres blanches des arbres de son verger en vue de faire de la vodka.

« C’est une grande première pour Alexis qui est enfin autorisé à grimper aux arbres pour en secouer les branches et en faire ainsi tomber des centaines de fruits.
 
Il est ravi, lui qui essayait depuis un certain temps de persuader Garrik qu’il ne tomberait pas !
 
S’ensuivent les gestes et techniques que nous commençons à bien maîtriser pour une telle récolte : étaler les bâches sous les arbres, les superposer, trier les fruits, les vider dans des tonneaux…
 
La famille qui nous accueille est adorable et fait passer le temps de la manière la plus agréable qui soit : entre composition de bouquets de fleurs, dégustation de pommes fraîchement cueillies, visite du potager et apprentissage de quelques mots arméniens, nous passons une après-midi aussi bien efficace que plaisante. Et c’est justement ce que nous apprécions tant à Goris : allier les travaux agricoles aux rencontres avec les locaux et se forger ainsi de beaux souvenirs grâce à ce parfait équilibre ! »
SYRIE

Les volontaires rénovent la cour de la maison des moines grec melkites d’Alep, laissée à l’abandon suite à la guerre.

« Nous arrivons au petit matin avant les chaleurs torrides du midi, nous enfilons casques et gants, puis protégeons nos yeux par des lunettes de chantier. Là commence l’amusement.
 
Nos muscles se contractent, fracassent d’une masse des morceaux de parpaings. Le corps tendu, nous transportons les lourds débris et les jetons en prenant garde de ne pas abîmer le bas de notre dos.
 
Enfin, nos coups de pelle saccadés ramassent le gravier, le rangent dans des sacs de toile de jute, et nous les entreposons le long d’un mur qui s’étend déjà d’un bout à l’autre de la cour. Maintenant, il est temps d’explorer la ruine.
 
Le toit détruit nous permet de voir, une fois juché sur le balcon, les églises de la belle place Farhat.
Face à ce beau paysage, je m’installe pour lire Châteaubriand le temps d’un répit ».

Les donations d'urgence continuent pour les familles libanaises déplacées à Beyrouth.

À Bikfaya, petit village libanais des hauteurs de Beyrouth situé à environ une demi-heure en voiture de la bruyante capitale du pays des Cèdres, l’équipe de la mission d’urgence de SOS Chrétiens d’Orient réalise une donation de produits essentiels et d’équipements électroménagers pour l’hôtellerie du monastère Jésuite Notre-Dame-de-la-Délivrance à Bikfaya qui a ouvert ses portes à quatre familles de déplacées du Sud-Liban.
 
« En raison de la situation, les habitants de différents villages ont été contraints de partir vers des régions plus sûres, souvent sans avoir de refuge assuré. Face à cela, le père Jad Chebli du monastère Jésuite Notre-Dame-de-la-Délivrance, obéissant à l’esprit de charité qui lui a été confié, a pris l’initiative d’ouvrir le monastère afin d’accueillir les déplacés. Cependant, le monastère n’est pas suffisamment équipé pour les recevoir convenablement et manque de plusieurs choses.
 
Nous nous attelons à transporter tout le matériel de la donation ; une gazinière, un lave-linge, 22 oreillers, une bonbonne de gaz, une marmite et 25 serviettes. Nous n’avons pas pu rencontrer les familles, déjà bien occupées à s’installer et prendre leurs marques, mais nous sommes accueillis à bras ouverts et avec de grands sourires par madame Gemayel, responsable de l’hôtellerie du monastère, absolument ravie de l’arrivée du matériel qui servira bien vite à l’accueil digne des déplacés.
 
Nous rentrons à la maison en fin de soirée, heureux d’avoir pu alléger un tant soit peu le quotidien de ces familles déplacées. »
 
🙏🏻Prions pour le Liban et les Libanais, durement atteints par la guerre et la misère ainsi que pour la Paix au Proche-Orient.
IRAK

Les volontaires peignent une fresque sur un mur de la voie publique de Teleskuf.

« Dans les ruelles encore endormies du village de Teleskuf, seul le grincement d’une brouette en ferraille rouillée vient troubler le lourd silence. Dans notre brouette, un enchevêtrement de pots de peinture à l’huile et de pinceaux s’entrechoque à chaque cahot de la route qui mène vers le centre du village. Là-bas, un mur blanc nous attend, celui d’un salon de coiffure ; nous allons le décorer d’une de ces fresques religieuses qui agrémentent typiquement les façades de cette petite bourgade chrétienne, réalisées pour certaines par les précédents volontaires, pour d’autres par des artistes locaux, tous en vue d’embellir et d’égayer le village dont l’architecture porte encore les stigmates de la guerre contre l’organisation Etat islamique.
 
Comme souvent depuis que le soleil a déposé sa chape de plomb sur la plaine de Ninive et ses champs brunis, nous avons été tirés du lit plus tôt par la chaleur du matin : les boutiques ne sont pas encore ouvertes. Le boucher n’a pas encore accroché ses carcasses aux crochets métalliques d’où le sang goutte sur le trottoir, les petits camions blancs n’ont même pas encore amené les bêtes promises à l’abattage, l’odeur forte de la viande ne vient pas encore frapper nos narines.
 
Mais à mesure que nos crayons donnent vie à des croquis et à des esquisses de personnages qui deviendront une fresque, le village de Teleskuf prend vie autour de nous. On s’affaire autour des échoppes, des maraîchers en qamis blanc viennent vider leurs cargaisons de fruits et légumes venus du sud, les étalages du magasin d’en face se remplissent de couleur tandis nos pinceaux étalent les premiers pigments sur le mur vierge, attirant l’œil des lève-tôt intrigués par cette entreprise artistique qui distrait leur promenade matinale.
 
A l’ombre du mur qui est vite devenu le centre de l’attention, on s’assied pour discuter : anciens du village en chemisette et sandales, le porte-clé pendant à la ceinture, vieillards en keffieh ou jeunes adultes en survêtement, tous scrutent tour à tour la façade avant de nous faire part de leurs compliments ou de leurs inspirations : de quelle couleur faut-il peindre la tunique de la Sainte-Vierge ? Le visage de l’Enfant Jésus, la colombe qui les surplombe, la cape de Saint Joseph ?
 
Car notre choix de dessin s’est porté sur la Sainte Famille, figure tutélaire et protectrice de tous les foyers chrétiens d’Irak, pays où la famille est toujours le noyau élémentaire des communautés. Dans les maisons, dans l’intimité des foyers, les trois saintes images de Marie, Jésus et Joseph sont omniprésentes, parfois associées par simple montage aux photos de famille qui décorent les murs des salons. Femmes, enfants, pères, grands-pères et grands-mères, tous semblent enchantés par cette fresque et leurs salutations enthousiastes nous vont droit au cœur.
 
Onze heures approchent, la vie de la rue commerçante de Teleskuf bat désormais son plein. Les conducteurs passent leur commande par la fenêtre du pickup, se doublent en klaxonnant, on s’interpelle d’un côté à l’autre de la chaussée : nous tentons tant bien que mal de rester concentré sur nos pinceaux et nos images pieuses qui prennent vie avec les couleurs. « Sbah el kheir, Pshena, Shlama lokho », les passants nous saluent et nous tentons dès que possible d’initier la conversation, en rudiments d’arabe et de soureth, parfois en anglais ou même en allemand. Le multilinguisme de certains habitants de Teleskuf m’impressionne toujours ; ce sont souvent eux qui sont le plus prompts à établir un dialogue avec nous, nous félicitant ou nous remerciant pour notre travail. Mais lorsque la barrière de la langue se fait trop sentir, ils trouvent d’autres moyens de nous remercier : des bouteilles d’eau fraîches, une glace à l’orange, un soda d’une fraîcheur salutaire sous les 40 degrés de ce mois d’été.
 
Et quand il est l’heure de repartir, Adel et Wissam nous invitent à venir déguster un falafel dans leur restaurant qui jouxte la fresque que nous peignons. Un autre jour, un vieil homme en voiture s’arrête et glisse quelques milliers de dinars au rôtisseur d’en face pour qu’il nous prépare deux beaux poulets grillés, puis repart vaquer à ses occupations. La simplicité d’un geste d’hospitalité qui n’attend pas de remerciement, l’humilité du don qui se cache derrière un visage digne, presque fermé : voilà un cadeau qui nous honore et nous émeut particulièrement.
 
Alors que le soleil atteint son zénith, les commerçants nous le montrent de l’index en se couvrant la tête, véritablement soucieux de nous voir exposés. Nous voulons avancer le plus possible avant de rentrer déjeuner. Déjà le jeu des ombres et des couleurs donne du relief aux drapés rouge, beige et bleu des tuniques. Bientôt, seuls resteront les détails auxquels tiennent les Irakiens qui nous entourent : la colombe et les rayons dorés qui plongent sur les visages lumineux de la Sainte Famille, les fleurs sous leurs pieds, les auréoles et le cœur rouge de SOS Chrétiens d’Orient. Il nous faudra plusieurs jours pour terminer notre projet, mais à chaque matinée de travail nous sommes comblés de la même générosité sans cesse renouvelée et d’un flot de bonté qui ne tarit jamais, même sous les fortes chaleurs. Nous non plus, nous ne nous lassons jamais de voir s’éveiller chaque matin cette rue commerçante dont nous connaissons à présent chaque détail.
 
Merci Seigneur pour toutes ces belles occasions que vous nous offrez pour vivre des moments aussi chaleureux. »
EGYPTE

Les volontaires jouent avec les personnes âgées de la maison de retraite du quartier de Matareya, au Caire

« En nous rendons à Matareya, nous croisons des ânes tirant des calèches, des familles sur le trottoir vendant des mouchoirs ou des pare soleil, tentant de subvenir à leurs besoins. Certaines semaines il y a le marché et il est difficile de passer entre les stands et les vendeurs ambulants.

Mais pour nous, volontaires, Matareya évoque tout autre chose. Matareya c’est un mot rempli d’espérance, de bienveillance et de joie, car chaque semaine, nous y visitons les dames âgées dans une maison tenue par des religieuses.

J’attends ce moment avec impatience dès que je quitte le quartier. C’est une parenthèse dans le temps, une joie indicible que je ressens à chaque fois que je me retrouve dans cette maison de retraite. Je revois dans le sourire de ces dames le sourire de mon arrière-grand-mère quand nous allions la visiter. Je vois dans leurs yeux les épreuves de la vie. Dans leurs gestes, la douceur d’une grand-mère. Dans leurs silences, le désir de capturer ces instants qu’elles passent avec nous. Je les aime chacune à leur manière. Le lien que j’ai tissé avec ces dames est extra-ordinaire. Nous ne parlons pas la même langue, les règles des jeux que nous proposons sont souvent adaptées, mais il règne dans la pièce une bonne humeur contagieuse et une tendresse infinie.

Quand nous entrons dans le couvent, il y a toujours du bruit : ici un homme fait des travaux de plomberie, là un autre peint, une femme dans un coin balaye la cour, les chats se coursent et les oiseaux chantent. C’est un lieu si agréable. La première chose que l’on voit est le visage radieux de Sœur Canaa. Ensuite, car elle y met un point d’honneur, c’est la plante grimpante autrefois morte qui renaît aujourd’hui naturellement, grimpant le long de la façade de façon majestueuse et qui fait la fierté de sa propriétaire. Puis, après avoir monté deux étages, les doux sourires de nos amies.

Ce jeudi, j’ai proposé plusieurs jeux : un memory afin d’exercer leur mémoire, un domino, afin de travailler la mobilité des doigts, et une bataille, jeux que je sais apprécié de toutes.

Elles sont quatre à jouer aujourd’hui, sur six résidentes. Elles sont rarement plus nombreuses, mais le goûter que nous apportons toujours, permets ensuite de prendre du temps avec chacune. Que j’aime ces moments d’échanges ! Nos rires emplissent la pièce quand l’une ou l’autre fait une blague ou quand Namett, après avoir remporté une manche, lance un youlou. Soeur Canaa, la responsable, assiste volontiers à ces parties de jeux, couvant d’un regard maternel et bienveillant chaque résidente. Jeudi dernier, elle a discuté avec Emilia et, touchée par ses mots, a pris son visage entre ses mains et lui a embrassé le front, répétant en boucle « Shoukran » (merci en arabe).

Il fut plus dur encore de les quitter cette semaine, car l’une de nous savait qu’elle ne reviendrait pas avant son départ. Alors nous avons pris des souvenirs, nous avons immortalisé les sourires, les traits de chacune avec des photos de groupes.

Oh, comme elles ont joué quand nous leur avons demandé de les prendre en photo ! Minaudant qu’elles n’étaient pas assez jolies, qu’elles n’étaient pas bien coiffées, mais si elles se voyaient telles que nous les voyons !

Elles sont, sans exagérer, radieuses. Il n’y a qu’à contempler les portraits pour s’en rendre compte…

J’ai quand même pu prendre des photos et réussi à leur arracher un vrai sourire en leur montrant ensuite. Elles sont chacune magnifiques !

Et pour bien clore ce voyage, je leur offrirai à chacune, de la part de Lucie, sa photo imprimée afin qu’elles gardent un souvenir d’elle et se rappellent chaque jour, en regardant l’image, de sourire à la vie. »