Dans l’église latine Saint-François d’Alep, les frères jumeaux Johnny et George Jallouf sont ordonnés prêtre par Monseigneur Hanna Jallouf, évêque latin et vicaire apostolique latin d’Alep.
« Je me glisse entre les fidèles jusqu’à mon ami installé au premier rang. Là, je comprends l’effervescence joyeuse avivant la foule qui remplit l’église et prend la forme d’une croix grouillante, ainsi agglomérée selon la forme de l’édifice, comme pour vêtir de leur chair les os de pierre que sont les colonnes de l’édifice, et leurs esprits donnant vie au tout.
Dans le chœur de l’église, surélevées par des marches, les plus hautes éminences du clergé Aleppin sont présentes, l’air grave mais dévot, aux gestes hiératiques.
Ces prêtres confirmés s’imposent par toute l’importance de leurs fonctions comme des statues de pierres qui partagent les lieux avec celles du roi français saint Louis et du saint patron de la Syrie, saint Georges.
Le patronage de ces deux statues, côtes à côtes, inspirent à nos âmes inconscientes que la rupture des liens terrestres de la France avec la Syrie ne pût rompre leurs liens célestes. Saint Louis et saint Georges intercèdent pour nos pays, en union de prières au paradis, bientôt rejoint par les cohortes de justes Français et Syriens.
Devant eux tous, prêtres vivants et saints trépassés, se tiennent ces deux frères sur qui Notre-Seigneur va poser son sacrement. Leurs regards sont émus, leurs mouvements ingénus contrastent avec ceux de leurs supérieurs. Chaque seconde de cet évènement est une vague qui se répercute dans leur âme en une joie à peine contenue, en témoignent les sourires que ne savent cacher le sérieux de leur visage.
Leur candeur enfantine manifeste leur pureté de cœur. « Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » (Saint Matthieu 18,2)
Mais de ce même état du cœur se traduit la ferveur pour Dieu. (Apocalypse 3, 16) « Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »
Je souhaite que cette double ordination rafraîchisse ou réchauffe les flots tièdes des âmes de nos jours, afin que tous les fidèles et témoins ici présents puissent elles aussi adopter le comportement qui plait à Dieu.
Ces deux frères eux, sont bel et bien transcendés, ils sont silencieux, yeux clos, priant fervemment, semblant attendre le destin en conversant avec les anges de cette naissance spirituelle partagée.
Puis, après l’imposition des mains de tous les prêtres sur ces deux nouveaux instruments du bon Dieu, ils revêtent la chasuble rouge et dorée. Ils exultent de joie et la communiquent à la foule par de grands sourires, qui le leur rend par une longue ovation. Je ressens les âmes des fidèles, des clercs, et des deux nouveaux prêtres vibrer d’un même bonheur lorsqu’elles diffusent instantanément l’euphorie de rang en rang, de siège en siège.
Pour quelques instants, la communion du Paradis est descendue sur l’assemblée qui ne s’extasie rien qu’avec la prémisse de ses joies. C’est la première fois qu’une ordination a lieu à Alep depuis plusieurs années. »
Nous vous confions les pères Johnny et George Jallouf, que Notre Seigneur veille sur eux et fassent d’eux des saints prêtres.