C’est dans le Chouf, une région montagneuse avec une forte densité forestière, que se situe le monastère d’Abbey. Tenu par les frères capucins suivant la doctrine de saint François d’Assise, ce monastère accueillait, il y a 40 ans, un orphelinat de 400 âmes, permettant aux jeunes de s’insérer professionnellement grâce à un niveau d’enseignement de qualité de la maternelle au lycée professionnel.
Malheureusement, en raison du conflit armé opposant chrétiens et druzes, ainsi que des mouvements de population dans la région, cet édifice a dû être abandonné par les frères. Ce n’est que quatre décennies plus tard qu’un prêtre a eu comme projet fou de reconstruire cet orphelinat à la seule force de ses bras. Le père Abdallah, assisté de Roger et de Jihad, respectivement chrétien et druze, collaborent à la reconstruction des pierres, mais aussi des Hommes, travaillant main dans la main et pardonnant les rancœurs claniques du passé.
Après une heure de voiture sur des routes sinueuses, nous arrivons enfin devant le bâtiment de 4 étages encastré entre deux cours. Se déplacer à l’intérieur est comme évoluer dans un dédale.
Certains se mettent à nettoyer les carrelages fraîchement posés avant d’appliquer l’enduit pour les lier, tandis que d’autres déplacent un tas de sable, seau par seau, du premier étage au sous-sol.
L’après-midi est consacrée à la destruction de murs. Nous enlevons des cloisons à la masse, puis nous utilisons des marteaux piqueurs pour enlever le crépi qui recouvre les anciennes pierres. Au fur et à mesure des travaux, nous découvrons l’histoire de ce lieu. Les premières pierres appartenaient à une fortification croisée, laquelle devait certainement servir à donner l’alerte en cas d’attaque par la mer. Car d’ici, nous avons une vue imprenable sur la Méditerranée.
Cela fait 4 ans que le père Abdallah s’est lancé dans ces travaux. Peut-être a-t-il déjà réalisé 15% des rénovations nécessaires à la réhabilitation de cet orphelinat. Il nous répète souvent : « Confiance, persévérance, patience ».
Durant ces jours, nous appliquons cette devise à chacune des tâches que nous réalisons, sachant que chaque effort a sa récompense. Le deuxième jour, c’est surtout la persévérance que nous éprouvons. En effet, nous passons la journée à déplacer un énorme tas de sable et de gravats avec des seaux. Plus les heures avancent, moins nous les remplissons, de peur de ne plus pouvoir en soulever un seul en raison des contraintes physiques que cela demande.
Épuisés mais ravis, nous terminons nos deux jours de travaux. C’est une activité difficile, mais néanmoins très concrète, les résultats sont visibles instantanément. Bien que la finalité du projet reste encore lointaine, nous sommes très heureux d’y participer à notre petite échelle, et nous savons que le père Abdallah a cruellement besoin d’aide.
Seigneur, puissiez-Vous combler de providence le père Abdallah dans ce projet d’une vie, en lui fournissant de nombreux et valeureux volontaires pour lui venir en aide, ainsi que le matériel et les dons nécessaires pour le mener à terme.