Dans une salle lumineuse, Hussein Hotteit, expert international en huile d’olive, partage avec passion son savoir-faire. « Une huile d’olive de qualité combine des notes fruitées, amères et piquantes », explique-t-il à un public attentif. Les agriculteurs prennent des notes, posent des questions et, surtout, échangent leurs expériences. Ce moment de transmission est précieux, car beaucoup d’entre eux se sont récemment reconvertis dans l’agriculture après avoir quitté des emplois en ville, perdus à cause de la crise économique.
Après la théorie vient la pratique. Les participants goûtent différentes huiles produites localement. Ils réchauffent l’échantillon dans leurs mains, en sentent les arômes, aspirent doucement pour faire ressortir les saveurs. L’un des agriculteurs, d’une cinquantaine d’années, se voit félicité par l’expert pour la qualité exceptionnelle de son huile. « Tout est une question de timing, » confie-t-il, « je presse mes olives immédiatement après la récolte. »
Nous visitons ensuite les champs d’oliviers, où des ouvriers récoltent les fruits avec des râteaux électriques. Les olives tombent sur de grandes bâches avant d’être triées et pressées dans des installations modernes, financées en partie par cette initiative. Ce processus, rigoureusement encadré, assure une huile extra vierge, précieuse pour les familles locales comme pour les marchés extérieurs.
Ces agriculteurs, pour beaucoup, reviennent à leurs racines. Ils réapprennent à travailler la terre de leurs ancêtres, conscients que cette ressource peut leur offrir un avenir stable et digne. « Nous avons perdu beaucoup avec la crise, mais ici, nous construisons quelque chose de durable », témoigne l’un d’eux.
En soutenant ces formations, SOS Chrétiens d’Orient ne fait pas que transmettre un savoir-faire : elle renforce l’enracinement des communautés chrétiennes sur leur terre et leur donne les moyens de traverser les crises économiques.
En août 2014, des milliers de combattants de Daesh s’emparent des villes chrétiennes de la Plaine de Ninive en Irak, semant la terreur et massacrant à tout va. Plus de 120 000 chrétiens sont contraints à l’exode sous la menace des armes, abandonnant tout derrière eux pour échapper à la conversion forcée, à l’esclavage ou à une exécution sommaire.
Des églises sont profanées et transformées en bases militaires, des maisons incendiées, et des cimetières détruits.
Ce n’est qu’après la libération progressive de ces zones, fin 2016, que certaines familles déplacées à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, commencent à envisager un retour, bien que confrontées à des défis majeurs pour reconstruire leurs vies et leurs communautés.
Pour les aider à affronter ces défis, SOS Chrétiens d’Orient crée à en 2017 le premier centre de formation aux métiers du bâtiment destiné à former des jeunes irakiens aux métiers de la charpente, de l’ébénisterie ou encore de l’électricité.
Depuis tous les quatre mois, près de 45 élèves bénéficient d’une formation gratuite et de qualité dispensée par 5 professeurs spécialisés dans les locaux du centre du village chaldéen de Karemless, à l’est de Mossoul.
A l’issue de leur formation, certains diplômés créent leur propre entreprise, tandis que d’autres s’engagent dans des projets collectifs de reconstruction des commerces, des églises, des maisons et des écoles dévastées par les jihadistes dans la plaine de Ninive.
En soutenant la formation des jeunes irakiens, vous leur donnez une raison de rester sur la terre de leurs ancêtres, de reconstruire et de croire en l’avenir.