Les années passent mais le choc et la violence demeurent. Tout le monde se souvient de ces images terribles : 21 hommes enchaînés et en tenue orange écarlate. Ils sont vingt coptes d’Egypte et un Ghanéen, enlevés il y a plusieurs jours par l’organisation Etat islamique, qui les conduit ce 15 février sur une plage de Syrte en Lybie.
Ils avancent sur une plage déserte de la côte africaine de la Méditerranée. Les hommes en noir, brandissant le drapeau honni de la haine, de la barbarie et de l’islamisme le plus sanguinaire, ont juré la perte et la mort de ces 21 hommes agenouillés sur le sable humide.
Pourtant, ce ne sont pas les bourreaux que l’on regarde, ce ne sont pas les assassins que l’on écoute… Assis devant eux, les futurs martyrs ne s’agitent pas, ils ne crient pas non plus. Ils sont impassibles, fiers même ! Ils ne montrent aucune peur, aucune faiblesse et au détour d’un plan de la vidéo on découvre même l’un de ces chrétiens le regard tourné vers le ciel, un léger sourire sur le coin droit de son visage : il le sait, dans quelques secondes il sera avec Dieu et tous les martyrs qui l’ont précédé.
Quelle fierté, quel courage, quelle foi ! Ces 21 martyrs coptes respirent déjà la sainteté.
Ce fut un 15 février, il y a 8 ans, que ces 21 fils de Dieu perdirent la vie et gagnèrent l’éternité en raison de leur foi chrétienne.
Dans les jours qui suivent la diffusion de la vidéo de l’atrocité, le village d’Al-Our, dans la province égyptienne de Minya, résonne des gémissements des femmes et des enfants. Treize des victimes en sont originaires et s’étaient rendues en Libye dans l’espoir de gagner de l’argent pour améliorer la vie de leurs familles restées au pays.
« Mon mari avait un rêve. Il voulait avoir un appartement de deux chambres pour la famille », a confié la femme de Youssef Tawadros. « Quand il a décidé de partir en Libye, j’étais très opposée », mais il y est quand même allé, car il ressentait le besoin de subvenir aux besoins de sa famille. »
Et à travers leur chagrin, certains ont réussi à trouver du réconfort.
« Je suis heureux pour mes proches. Ils avaient foi en Dieu. Ils avaient foi en Jésus-Christ. Et c’est ce qui compte », a déclaré Monseigneur Feloubes Fawzy, 43 ans, qui a perdu son neveu et quatre de ses cousins. « Ils sont morts pour leur foi. Ils sont morts pour le christianisme ».
« Daesh pensait nous briser le cœur. Ils ne l’ont pas fait. Milad est un héros maintenant et une inspiration pour le monde entier », a quant-à-elle déclaré la femme d’un martyr, Milad Makin.
« Nous remercions Daesh, car maintenant, plus de gens croient au christianisme grâce à eux. Daesh a montré ce qu’est le christianisme », confie la mère de Samuel Abraham, un martyr de 29 ans. « Nous remercions Dieu que nos proches soient au paradis ».
L’Eglise Copte a tout de suite reconnu les victimes comme des saints martyrs qui ont donné leur vie pour le Christ et dès 2016, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi annonce la construction d’une immense église dédiée aux martyrs à Al-Our. L’édifice de 4 000 mètres carrés est inauguré le 15 février 2018 en présence de Sa Sainteté Tawadros II, pape copte orthodoxe d’Alexandrie, patriarche de toute l’Afrique et du siège de Saint Marc et du président Sissi.
Les dépouilles des martyrs y sont exposées à la vénération des fidèles depuis leur retour en Égypte le 14 mai 2018. Des icônes sont peintes les représentant en tenue orange vif, la tête tournée vers le ciel et le Seigneur les accueillant les bras ouverts.
Leur mémoire est désormais célébrée chaque année le 15 février dans tous les diocèses coptes du monde.
« Il est vrai qu’il y a une tragédie, que ces personnes ont laissé leur vie sur la plage », a déclaré plus récemment, en 2021, le pape François au sujet de ces martyrs. « Mais il est également vrai que la plage a été bénie par leur sang. » « Ces vingt-et-un hommes ont été baptisés chrétiens avec de l’eau et de l’Esprit, et ce jour-là, ont aussi été baptisés avec du sang ». Pour lui, ces 21 victimes de l’organisation État islamique sont « nos saints », les saints de « tous les chrétiens », de « toutes les confessions et traditions chrétiennes ».
En union de prières avec nos frères et sœurs coptes, les chrétiens du monde entier et de toutes les Eglises honorant aussi leurs mémoires et leurs martyrs.
Que le Christ nous protège et que par l’intercession des 21 martyrs coptes de Lybie nous soyons forts et fermes dans notre foi chrétienne.
Ce fut un 15 février, ne les oublions pas.