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Sur le chemin de Jérusalem à Constantinople, la Croix embrase la Syrie !

Depuis la nuit des temps, la croix est l’universel symbole de la rédemption qu’attendaient les nations, comme si leur sagacité ingénue se doutaient qu’ils y trouveraient, un jour, ladite rédemption. Je dirais même, comme si leurs croyances primordiales les préparaient à reconnaître cette rédemption en la Passion du Seigneur.
 
 
La fête de l’Exaltation de la Croix est issue de la Tradition chrétienne, le fruit vivant de notre religion. Cette fête est l’achèvement des siècles que j’ai mentionné, ceux qu’a passés l’humanité à attendre que se manifeste la croix en ce bas monde lorsqu’elle accomplirait ce qui n’aurait été jusque-là qu’un symbole. Donc, nous commémorons, à cette occasion, la redécouverte de la relique par sainte Hélène, la mère de l’Empereur Constantin, pendant son pèlerinage en Terre Sainte. Partie de Constantinople pour arriver jusqu’à Jérusalem, elle plaçât sur son chemin des bûchers tenus par ses serviteurs qui attendraient son signal pour allumer les feux. Lorsqu’elle trouva le bois par lequel s’est accompli le salut, l’alerte fût lancée. Le feu se terminait à peine à Jérusalem que, répercuté de montagne en montagne en illuminant le chemin de sainte Hélène en sens inverse, il avertit Constantinople de l’heureuse nouvelle : nous avions trouvé la Très Sainte Croix.
 
Cette célébration est typiquement Levantine. A Maaloula, village levantin et chrétien où on parle la langue du Christ, il est donc naturel que cette fête soit célébrée avec faste. En plus, ils peuvent avoir été sur le chemin de Sainte Hélène. Ils ont son héritage.
Pour commémorer cet événement, toute la Syrie chrétienne se retrouve dans les rues de Maaloula et festoie. Les plus pieux vont à l’église. La liturgie terminée, le clergé local et les fidèles commencent, avec le reste des participants, l’ascension des deux montagnes qui encerclent le village en contrebas. L’une des montagnes est réservée aux catholiques, l’autre aux orthodoxes. Enfin, tous rassemblés au sommet, les bûches s’embrasent au signal propice, comme elles s’embrasaient au signal de sainte Hélène 16 siècles plus tôt. Alors l’exultation des euphories difficilement contenues durant toute la marche explose. Cette explosion est celle des feux d’artifices, des canons des fusils dirigés vers les Cieux, ou des pneus enflammés qui se fracassent en contre bas de la montagne. Et l’exaltation de l’euphorie persiste graduellement plus la nuit avance.

La croix rassemble, et ceux qu’elle rassemble en tirent la joie. J’ai aimé m’oublier dans cette joie que communiaient les âmes présentes. Peut-être qu’on en oubliait aussi les raisons pour lesquelles on était présent, mais inconsciemment non, car à cette occasion la joie a procédé de la croix. Dire communier n’est pas, non plus, un abus. La liesse des festivités et la frénésie heureuse faisaient vibrer en un accord uni les cordes de nos esprits. Car les barrières culturelles étaient ainsi écroulées, je m’imbriquais pleinement dans l’évènement qui me le rendait par la solidarité naturelle. L’aide et l’attention mutuelle lors de l’ascension de la montagne m’ont particulièrement touché.


Et ces états d’âmes prennent une profondeur magnifique quand on s’imagine qu’ils sont les mêmes, chaque année, depuis 326. Donc, chaque année, depuis que Saint Hélène a trouvé la croix, le feu se ravive comme si la croix avait été retrouvée aujourd’hui. Et ce, que par le souvenir. Car je ne l’ai pas lu dans des livres, mais vu de mes yeux, la Tradition prouve le caractère tangible de notre religion. Les faits sont là : tant l’ont célébré avant, d’autres la célèbreront encore, aujourd’hui c’est nous qui étions comme sur le chemin de Jérusalem à Constantinople avec Sainte Hélène en l’an 326. Et qu’est-ce qu’on annonce à l’Humanité par notre brasier ? Qu’on a trouvé la preuve matérielle de son salut, la Sainte Croix.