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Une matinée de travail dans les cultures d’aubergines

En mission à Qaa, petit village du nord du Liban, les volontaires participent aux travaux agricoles avec les habitants, quand ils ne donnent pas des cours de français aux enfants du CLAC. Aujourd’hui nous les retrouvons dans les cultures d’aubergines, un légume particulièrement apprécié puisqu’il est à la base de la confection des makdous, un mets traditionnel très réputé au Proche-Orient et dans certains pays du golfe !

Il est 6h30, le soleil n’est pas encore visible dans le ciel, mais la lumière orange du petit matin éclaire déjà la plaine, donnant ainsi aux montagnes arides une teinte particulière.

 

Alors que nous quittons le centre de la ville de Qaa, nous admirons le paysage de la Bekaa au petit matin, caressé par la brise encore fraiche de la nuit. Après 15 minutes de marche, nous trouvons au bout d’un chemin une petite parcelle où nous attendent Georges et sa femme, les propriétaires du champ d’aubergines. Nous sommes là pour les aider à récolter ce légume, base des makdous, la spécialité culinaire de Qaa.

 

Quelques instants après notre arrivée, le bruit d’une petite moto nous annonce l’arrivée de Nimr, un habitant de Qaa, réfugié syrien avec qui nous avons déjà partagé le café. Selon l’habitude locale, il est accompagné sur la même selle, de sa femme Marie et de sa petite fille Mariam, 8 ans. Très fier de son unique véhicule, il ne manque pas de nous saluer d’un petit coup de klaxon, la petite famille s’exclame alors avec un très grand sourire : « Marhaba, kifkoun ? » (Bonjour, comment allez-vous ?)

 

Tout le monde se salue chaleureusement, comme à l’accoutumée, et après de brèves explications, ils nous invitent à les suivre pour commencer le travail.

Nous sommes rapidement surpris par les petites dimensions de la parcelle : pas plus de 2000m², mais ici tout est fait à la main. Le pétrole coûte cher et tous n’ont pas de tracteur. De la plantation au labourage, sans matériel moderne, l’exploitation doit rester à échelle humaine.

 

Sous le contrôle avisé et bienveillant de Nimr, un seau à la main, penchés sur les plants, nous inspectons consciencieusement chaque pied en choisissant les plus grosses aubergines. Elles ne doivent pas être trop petites et avoir la couleur violette qui nous signale qu’elles sont mûres. Les aubergines se cachent parfois sous les feuilles et nous avons besoin de l’expertise de notre hôte pour bien les choisir et ne pas en oublier. « Chwei-Chwei », petit à petit, nous prenons le coup de main. Au fur et à mesure de notre progression, le soleil nous réchauffe et nous annonce que la journée sera chaude.

En 1 heure, avec l’aide de Mariam, nous remplissons 7 gros sacs. Je comprends, à travers l’explication de Nimr, que la récolte n’est pas vraiment à la hauteur de ses espérances. Les aubergines sont plus petites que les années précédentes. Pas le temps de s’apitoyer, nous chargeons les sacs dans le pick-up et nous dirigeons vers la ferme. Sur la balance, la récolte de la matinée s’élève à 170kg.

 

La femme de Georges nous demande de mettre de côté les plus grosses, elles serviront à confectionner les makdous. Dans cette recette, les aubergines sont fourrées d’une farce de noix et de poivrons puis conservées dans l’huile d’olive durant plusieurs mois.

C’est un peu la nourriture du pauvre ici à Qaa et la base de l’alimentation de beaucoup de foyers durant les mois d’hiver. Malheureusement, le prix des noix et de l’huile étant de plus en plus élevé, il devient difficile pour certaines familles de s’en procurer et donc de préparer les makdous.

 

Une fois pesées, les aubergines sont ensuite réparties entre les trois familles qui vivent de cette petite production. Nous transportons les sacs jusqu’à la terrasse de la maison et nous y déversons les fruits de notre récolte.

 

Assis en cercle, nous commençons l’équeutage. Notre travail se fait tout en discutant et sirotant un café libanais bien corsé ! Malgré la difficulté du travail quotidien, tout le monde est d’humeur joyeuse.

Après une petite heure de travail, l’équeutage est terminé. Alors, nous nous installons sur la terrasse et partageons le petit déjeuner avec les enfants (récemment réveillés) en discutant de tout et de rien grâce à nos rudiments de libanais. Tous font beaucoup d’effort pour comprendre notre mélange de français, d’arabe, et d’anglais ainsi que nos gestes de la main. Nous sommes très touchés par leur générosité, car malgré leur pauvreté et les difficultés, cette famille donne sans attendre en retour.

 

Si la journée commence à peine, notre mission ici s’achève et nous prenons le chemin du retour, un bocal de ces fameux makdous sous le bras.