Dans les grandes villes d’Alep et d’Homs, comme dans la majorité du territoire syrien, il existe peu de structures d’accueil pour les personnes âgées. En effet, placer les anciens en établissement était considéré, jusqu’au début de la guerre, comme inconcevable et honteux. Traditionnellement, les enfants prenaient soin de leurs aînés jusqu’à leur décès.
Avec l’explosion du conflit, les pertes humaines et la fuite massive des familles, les personnes âgées se sont retrouvées seules du jour au lendemain, abandonnées à leur sort, incapables de subvenir à leurs besoins. Certaines n’ont eu de choix que de retourner travailler, d’autres, les plus chanceuses, ont été accueillie en maison de retraite ou sont soutenues par des associations, d’autres encore ont terminées paralysées ou handicapées des suites d’un infarctus dû à la guerre ou d’un accident de travail.
Avec l’inflation galopante et le séisme de février 2023, celles, qui n’ont pas perdu leur appartement, ne parviennent que difficilement à joindre les deux bouts. Entre sacrifice et résignation, beaucoup affrontent les jours comme si c’était le dernier. Se soigner ou se nourrir… ce choix elles ne l’ont plus. Priorité est donnée aux aliments de base, du pain, du riz, du sucre.
Alors, face à l’urgence, SOS Chrétiens d’Orient mène un vaste programme de soutien aux personnes âgées en assurant des distributions hebdomadaires de colis d’hygiène.
Toutes les semaines, les volontaires arpentent les rues aux immeubles éventrés pour déposer les très attendus colis hygiéniques aux personnes âgées les plus démunies.
Evidemment, cela peut paraître n’être pas grand-chose. Et pourtant, dans chaque famille les volontaires sont accueillis par des sourires émus et des poignées de main chaleureuses à travers lesquelles ces filles et fils désespérés montrent l’étendue de leur gratitude. Parmi eux, Monsieur Kafaf, vieil homme chrétien semi-paralysé depuis août 2021 à la suite d’un infarctus. Depuis l’incident, c’est sa femme qui prend soin de lui jour et nuit mais ses finances étant au plus mal, elle ne peut lui fournir le colis d’hygiène tant espéré.
Ces demi-journées de donations sont l’occasion pour les volontaires de rencontrer la vraie pauvreté silencieuse, celle qui vit recluse et cachée faute de pouvoir marcher librement, celle qui, après une vie de dur labeur, ne peut profiter du fruit de son travail.
Par ces rencontres, tous sentent fleurir au creux de leur cœur les grâces divines réservées à ceux qui s’ouvrent, se donnent et reçoivent sans calcul d’intérêt, sans arrière-pensées, sans autre volonté que de suivre l’élan d’amour et de générosité résidant en chacun d’entre nous. A l’image des jeunes volontaires envoyés sur place et de ces Syriens dont l’hospitalité et la chaleur n’ont en rien été diminuées par les années de guerre civile, suivrez-vous aussi l’élan de votre cœur ?
S’en sortir devient un combat de tous les jours, particulièrement pour les personnes âgées d’Alep. Isolées, parfois abandonnées et seules, elles subissent de plein fouet ces multiples crises. Se nourrir, se chauffer, se soigner… Il faut arbitrer ! Les maigres revenus ne permettent plus de vivre décemment. C’est de la survie ! Et pourtant, elles ne réclament rien, ne se plaignent jamais et se contentent du strict minimum.
Elles ont connu la guerre après avoir vécu dans un pays riche, un véritable musée de l’histoire de l’Orient. En 10 ans, tout ce qu’elles connaissaient et chérissaient a été détruit. Aujourd’hui, elles vieillissent avec ces ruines, ces images et pour un grand nombre avec l’idée que leur famille a fui, et qu’elle ne reviendra jamais. Elles sont donc seules, incapables d’agir. En faisant un don, vous combattez leur pauvreté et leur montrez qu’elles ne sont pas seules.
Aujourd’hui ils arrivent, grâce à Dieu ils ne nous ont pas oublié. Je me suis placée sur le balcon pour guetter au coin de la rue leur arrivée. Ces jeunes en pull blanc fiché d’un cœur rouge qui si gentiment me font don tous les mois d’un colis hygiénique.