Front Populaire : Pouvez-vous nous fournir un aperçu de la situation humanitaire actuelle dans le Haut-Karabakh, après près de neuf mois de blocus, en particulier en ce qui concerne l’accès aux besoins essentiels tels que la nourriture, l’eau potable et les soins médicaux ?
Alexandre Goodarzy : La population a vécu neuf mois coupée du monde, étouffée, sans accès ni à la nourriture, électricité, chauffage. Elle a tenu en autarcie en puisant dans ses stocks et ses réserves en écoulant les conserves préparées à partir de leur production locale (légumes, blé, fruits). Beaucoup de malades sont décédés fautes d’accès au soin, et ce blocus a été utilisé comme une arme de guerre et un moyen de laisser agoniser lentement la population du Haut-Karabagh et de la traumatiser durablement.
FP : Quels étaient les objectifs de la récente opération de Bakou et jusqu’où cette opération peut-elle aller en termes de territoire et d’influence ?
AG : L’objectif principal de Bakou est de nettoyer le Haut-Karabakh de toute présence chrétienne.
En 2020, la guerre des 44 jours autour de l’enclave avait déjà bien désarmé les Arméniens du Haut-Karabakh, en plus de la disparition complète du glacis protecteur de la région et de la perte de près des trois quarts des territoires de la région, qui ont été cédés à Bakou. Ces derniers jours, avec la reprise des bombardements, les Arméniens n’étaient pas en position de force, avec le peu d’armements qu’il leur restait pour combattre les troupes azéries : ces derniers n’ont pas hésité à bombarder la capitale Stepanakert jusqu’à la capitulation complète du Haut-Karabakh. Cette capitulation, suivie du dépôt des armes, a permis aux troupes d’Ilham Aliyev de récupérer six blindés, 800 armes légères et des munitions.
En plus du nettoyage ethnique du Haut-Karabakh, l’Azerbaïdjan vise le sud de l’Arménie et…