Quel plus bel endroit pour semer des graines que la Halle aux grains! Samedi soir, elle a accueilli un concert exceptionnel à plus d’un titre. Le concert de la chorale syrienne « Coeur-Joie », fondée par le père Elias Zahlaoui à une époque où musulmans et chrétiens vivaient main dans la main en Syrie.
La guerre contre Daech a longtemps privé de tournée les cousins d’Orient des Petits chanteurs à la croix de bois. Mais, avec SOS Chrétiens d’Orient, le député PS Gérard Bapt, président du groupe d’amitié franco-syrienne à l’Assemblée nationale, a ouvert les portes qu’il fallait. Et Jean-Luc Moudenc, le maire LR de Toulouse, a fait le reste en mettant gratuitement la Halle aux grains à la disposition de ce choeur au grand coeur, les bénéfices de la tournée 2016 en France étant reversés… à l’association SOS Chrétiens d’Orient.
Mais ce concert exceptionnel n’a pas seulement permis de jeter un pont entre droite et gauche. Il a aussi permis de semer des graines de tolérance par la voix du Père Zahlaoui, tout d’abord. Le Père Zahlaoui qui a tenu à rappeler comment les chrétiens de Syrie avaient pu acheter un terrain à moindre coût pour la construction d’une église, en 1975. Ce terrain appartenait à un musulman qui avait sa villa dessus. « Quand il a compris qu’on voulait détruire la villa et construire une église, il a baissé le prix du quart, à une condition, que les Chrétiens prient pour lui. Mes amis, c’est la qualité des musulmans de Syrie. »
Cette mixité religieuse reste de mise, quarante ans après, au sein de la chorale « Coeur-Joie », dont la plupart des musiciens sont musulmans. Une chorale qui, du coup, se veut elle aussi un pont entre les communautés. Le père Zahlaoui a d’ailleurs introduit le concert en ces termes: « Je vous souhaite de découvrir à travers les chants des enfants et à travers la musique la volonté de vivre des Syriens, la volonté de résister des Syriens et la volonté d’amour universel des Syriens ». Pour conclure, à l’issue de la soirée: « Aidez la Syrie à retrouver ce qu’elle a toujours été ». Une façon pour lui de « vivre et résister à cette volonté cosmique de destruction de la Syrie » malheureusement en vigueur depuis cinq ans.