d’une fenêtre de paix finalement
profitable à la population »
SOS Chrétiens d’Orient est présente au Pakistan, pays voisin de l’Afghanistan. Benjamin Blanchard, cofondateur de cette association, évoque au micro de Boulevard Voltaire la situation des habitants de ce pays en guerre depuis quarante ans et dans lequel vit une petite poignée de chrétiens. Un unique prêtre et quelques religieuses qui, d’après Radio Vatican, auraient été rapatriés.
Avec la prise de l’Afghanistan par les talibans et le départ des occidentaux, une situation humanitaire tendue est-elle à craindre ?
Oui, à chaque changement de régime, et surtout à l’époque de la mondialisation, il y a une époque de grands mouvements de populations et il est à craindre de grands mouvements d’une partie de la population afghane.
Cela a commencé avec le pont aérien mis en place par les Américains et leurs alliés et qui a transporté des dizaines de milliers d’Afghans qui voulaient fuir l’Afghanistan des talibans. Ou bien y a-t-il eu des effets d’opportunités de personnes qui ont posé des problèmes comme par exemple celles qui ont été rapatriées en France. Au moins l’un d’eux était taliban. Cela crée une opportunité : au-delà des considérations politiques ou religieuses, si on a l’opportunité d’aller en Europe, beaucoup de gens souhaitent en profiter. Cela crée une espèce d’appel d’air et cela ne va pas s’arrêter avec la fin du pont aérien. Avec SOS Chrétiens d’Orient j’ai eu l’occasion d’être confronté à ces phénomènes migratoires, comme lors de la crise migratoire des Syriens à l’automne 2015 : le fait d’opportunités était très clair pour ceux qui voulaient fuir la Syrie mais également pour ceux qui se prétendaient Syriens.
Votre association SOS Chrétiens d’Orient œuvre pour les populations menacées et leur permet de rester, souhaitez-vous également cela pour l’Afghanistan ?
Oui bien sûr ! Le régime des talibans est très dur et cela va être terrible pour la population, qui ne partage pas les vues des talibans. À ce propos, le reportage de Régis Le Sommier filmé il y a deux mois, avant la chute de Kaboul, est intéressant. L’Afghanistan est en guerre presque sans discontinuer depuis 1977, c’est aussi peut-être maintenant une opportunité de fenêtre de paix. On va voir ce que vont faire les talibans et les autres Afghans. Si c’est l’opportunité d’un moment de paix, peut-être que cela sera profitable à la population. Ne vit-on pas mieux en paix relative, même sous le régime taliban, qu’en guerre perpétuelle ?
Il y a quelques catholiques afghans. SOS Chrétiens d’Orient œuvre déjà au Pakistan. Avez-vous pu observer des flux de chrétiens afghans vers le Pakistan ?
Nous ne travaillons pas en Afghanistan hélas, mais j’ai entendu sur Radio Vatican le témoignage d’un prêtre et de religieuses, je crois que tout le monde est parti. Non nous n’avons pas vu de chrétiens d’Afghanistan se réfugier au Pakistan car ce n’est pas un pays facile à vivre pour les chrétiens, avec cette terrible loi contre le blasphème. Je ne conseillerais pas à des chrétiens afghans de se réfugier au Pakistan.