les humanitaires ne désertent pas
Plus de 500 000 personnes viennent en aide à des personnes défavorisées au sein d’ONG dans le monde.
Il y a des gens qui veulent changer le monde, ça existe encore
Lance Jonathan Fontenelle, responsable du service sécurité de Médecins du monde.
Dimanche dernier, sept humanitaires de l’ONG Acted et un guide touristique ont été victimes d’un attentat au niger. Le lendemain, c’est le responsable d’Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières au Guatemala qui a été tué par balles. C’est tellement plus facile de s’attaquer à un humanitaire plutôt qu’à un militaire , a déploré Frédéric Roussel, le directeur du développement d’Acted, lundi, lors de la conférence de presse qui a suivi les attentats.
Pourtant, plus de 570 000 travaillent dans le secteur de l’humanitaire, selon les chiffres de 2017. Et ils sont de plus en plus nombreux pour faire face à des besoins croissants. Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, le nombre de personnes nécessitant une assistance humanitaire a plus que doublé en cinq ans, passant de 61,7 millions de personnes en 2012 à 128,6 millions en 2017 .
Les chiffres pour 2020 sont encore plus alarmants : 168 millions de personnes. Mais pour Mickaël Neuman, directeur du centre de réflexion sur la sécurité de Médecin sans frontières, tout ne va pas mal dans le secteur humanitaire, ces personnes ne risquent pas leur vie tous les jours. Si l’exposition au risque est plus importante, on va accorder une attention très grande au profil des gens que l’on envoie dans ces endroits, à la formation, au briefing sur la sécurité ».
De plus en plus de formations
J’avais envie de faire quelque chose de ma vie, d’être au service des autres , explique Edwige de Colnet, étudiante de 24 ans à l’Insa à Rennes. L’été dernier, elle est partie deux mois en Irak avec l’ONG SOS Chrétiens d’Orient pour apporter de l’aide aux familles qui avaient dû fuir leurs villages.
Certaines personnes choisissent de se former spécifiquement à l’humanitaire. J’interviens dans les universités et je vois que les masters humanitaires se développent, constate Jonathan Fontenelle. Il y a tous types de profils à Médecins du monde : des personnes en reconversion, des jeunes, des anciens qui ne lâchent pas l’affaire qui sont là depuis que la télé est en noir et blanc.
Les formations sont dispensées par des universités, des instituts d’études politiques ou encore des écoles privées comme Bio Force, près de Lyon. Nous formons près de 2 500 personnes par an, explique Gilles Collard, le directeur de cette école. Il y a une formation théorique mais aussi des mises en situation. Par exemple, sur une semaine, les étudiants doivent gérer l’afflux de réfugiés et des attaques factices peuvent intervenir.
La sécurité, primordiale
La plupart des ONG dispensent aussi de courtes formations. Il y a d’abord des réunions sur les enjeux des missions, les situations des pays ou encore la connaissance des protocoles de sécurité. Parfois, les formations sont plus intensives si les terrains sont plus risqués. Cela permet de connaître le protocole en cas de kidnapping, les bons réflexes à avoir et comment se comporter en cas de danger , précise Thierry Benlahsen, directeur des opérations à l’ONG Solidarités International.
Mais la formation n’est qu’une partie des protocoles de sécurité stricts que les ONG mettent en place. Des analyses de risques sont faites avant la mise en place de chaque mission. À aucun moment je me suis sentie en insécurité lors de ma mission, assure Edwige.
Article écrit par Manon Bernard