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L’église Notre-Dame du Perpétuel Secours de Mossoul a inauguré sa cloche, après sa réouverture le 5 avril dernier. Ce 22 septembre, entre trente-cinq et quarante familles irakiennes étaient venues assister à l’inauguration de cette cloche savoyarde, après « 10 ans [de silence] depuis que l’État islamique avait fait de cette église le repère de sa police des mœurs ! », nous explique Grégoire, chef de mission Irak pour l’association SOS Chrétiens d’Orient, interrogé par BV.

Répondant à l’appel de Monseigneur Najeeb, archevêque de Mossoul et Aqra, les villageois de Karaqosh, Karamlesh, Bartella, Teleskuf et d’autres villages décimés par Daech en 2014 se sont joints à la fête. Les chrétiens de Mossoul, eux, étaient peu représentés. Quand la cloche a sonné, toutes les têtes se sont tournées, mêmes celles des musulmans, selon Grégoire. « Les visages des personnes présentes à l’événement étaient remplis de joie et d’enthousiasme et le visage de l’évêque rayonnait », témoigne, auprès de BV, Idmon Mickaël, un Irakien salarié de l’association. Et pour cause : derrière les caméras de chaînes irakiennes, « les femmes dansaient le youyou, un folklore irakien », ajoute Grégoire.

L’amitié franco-irakienne

La petite cloche de 90 kg a été coulée à Annecy, en Haute-Savoie, par la famille Paccard, qui a répondu, l’été dernier, à un appel d’offres de l’association SOS Chrétiens d’Orient, financeur des 5.000 euros du projet, précise le chef de mission. Ce don à cette église de Mossoul illustre la belle amitié franco-irakienne. La présence des chrétiens en Irak est un enjeu historique et civilisationnel, comme l’expliquait, jadis, Valéry Giscard d’Estaing, qui fut président du comité d’honneur de SOS Chrétiens d’Orient : « Je n’oublierai jamais que la chrétienté est née au Moyen-Orient et que ses principaux textes y ont été pensés et rédigés ». L’ancien président de la République appréciait d’ailleurs de voir « de jeunes humanitaires français apporter aide et réconfort aux population démunies de ces régions». Et pour cause : 72 heures après la prise de la plaine de Ninive par l’État Islamique, SOS Chrétiens d’Orient avait volé au secours des chrétiens. Les locaux sont très reconnaissants envers les Français, comme ils le laissent régulièrement entendre auprès des volontaires.

Simple symbole ou réelle revitalisation de la plaine de Ninive

En 2021, à Mossoul, il y a eu l’inauguration de la cloche à l’église de Mar Thoma. Encore à Mossoul, en 2023, les cloches normandes aux noms des trois archanges ont retenti dans l’église du couvent Notre-Dame-de-l’Heure pour laquelle France 2 vient de réaliser un reportage sur son chantier. « D’autres églises sont en cours de reconstruction. Cela envoie un message d’espoir ! », nous confie Grégoire. Afin de favoriser ce retour des chrétiens, un bâtiment jouxtant l’église accueillera une école qui ouvrira à la rentrée prochaine, mais aussi sept petits magasins pour relancer l’économie locale, et des bureaux sont déjà ouverts, dépeint le chef de mission. Mais est-ce suffisant ?

En Irak fédéral, c’est-à-dire en dehors du Kurdistan, il y a toute une tendance à l’émigration. « Cela est dû à l’appel d’air effectué par la Jordanie, qui permet d’avoir le statut de réfugié », explique Grégoire. De là, ils s’envolent pour l’Australie et le Canada. Ce sont des dizaines de familles qui évacuent la plaine de Ninive tous les mois à cause de pressions d’ordre moral, psychologique et financier, quand ce n’est pas physique. À l’inverse, « au Kurdistan irakien, ça se passe très bien pour les chrétiens vus comme une ouverture sur le monde et un ferment d’unité », signale Grégoire. Si, en Irak, les chrétiens d’Orient, pionniers du christianisme, peuvent compter sur l’aide matérielle et morale des Français et sur les autorités kurdes, la vague de départ semble ne pas faiblir. « Nous sommes le peuple autochtone et les gouvernements ne pourront pas nier cette affaire, nous rappelle Idmon Mickaël. Les chrétiens d’Irak n’ont pas cessé de croire en l’avenir de la préservation de leur statut », conclut-il.

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Votre responsablede pôle

Domitille Casarotto

Attachée de presse