REPORTAGE – À la tête de la Fondation Aznavour, le dernier fils de l’artiste disparu il y a trois ans multiplie les initiatives humanitaires, sociales et culturelles pour venir en aide aux Arméniens, notamment aux victimes de la «guerre de 44 jours» contre l’Azerbaïdjan. Homme discret et rare, il a accepté de recevoir Le Figaro Magazine en Arménie, où il vit désormais.
Anna a une trentaine d’années. Sa silhouette fragile glisse plus qu’elle ne marche vers une chaise, au rez-de-chaussée du centre médical de Vanadzor, troisième ville d’Arménie, au nord du pays, dans la région de Lori. Le regard baissé, elle hésite encore à parler. Depuis un an, elle est fermée sur elle-même, tétanisée, muette.
Les cours d’anglais qu’elle donnait ne permettant pas à son couple d’élever correctement leurs deux enfants de 9 et 11 ans, elle avait accepté que son mari s’engage dans l’armée. Il y a un an, quand les Azerbaïdjanais ont attaqué le Haut-Karabakh arménien (Artsakh) à l’aide de leurs drones d’attaque, de leurs chars dernier cri, de leurs bombes à sous-munitions ou au phosphore et de leurs djihadistes syriens venus de Turquie, il a été envoyé dans la région de Jalabril. Il a été abattu par un sniper le 2 octobre 2020.
Article écrit par Jean-Christophe Buisson