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Dans le contexte du dixième anniversaire de l’association SOS Chrétiens d’Orient, un colloque a été organisé à Paris le vendredi 15 septembre 2023. Les échanges ont traité de la situation  et de l’avenir des chrétiens d’Orient. Plusieurs intervenants ont rappelé les enjeux actuels et la situation, en tenant compte aussi des récentes évolutions dans la région. Le journaliste Frédéric Pons a rappelé l’hégémonisme de la Turquie dans la région; on a trop peu écouté Erdogan ou Alyev. 120 000 chrétiens dans le Haut-Karabagh sont en train de vivre les prémices d’un génocide. Dans l’espace turc, il existe certains propos pour qui les arméniens sont les « rescapés de l’épée ». On reviendra sur les échanges, notamment sur la situation actuelle en Syrie.

LIBAN
Type d'intervention

Tout à changé en Syrie depuis 2011 ? Oui et non

2023 est en partie un retour à la réalité de 2011. Il n’y a pas eu de basculement pour la Syrie qui occupe toujours une place éminente dans le concert des nations arabes. Le pays reste aux confluences de l’Irak, d’Israêl, du Liban, de la Turquie et de la Jordanie. En fait, les problèmes demeurent. Pour la Syrie « légale », la stratégie de contre-insurrection a porté ses fruits. L’Iran, la Russie et la Turquie s’opposent à la partition de la Syrie.

La Syrie contrôle les deux tiers de son territoire (et non un cinquième comme en 2013). Mais ce contrôle se paie. Damas a subi des pertes de souveraineté. L’armée ne contrôle que 15 à 20% des frontières internationales de la Syrie. Ainsi, les factions rebelles peuvent, à la suite d’un accord avec la Russie, traverser la frontière avec la Jordanie pour faire leur trafic. Au Nord, sur la frontière, on trouve des Américains, des Russes et des Français. Il existe des germes de conflit.

Il existe un flou au niveau des statistiques: 200 000 morts, 250 000 ? Nul ne peut le savoir. La Turquie continue à exercer son chantage. La moitié de la population syrienne a été déplacée. 5 millions de Syriens ont quitté le pays pour aller en Turquie, en Jordanie, etc.

Un régime syrien affaibli

Le régime syrien s’est maintenu, mais de façon affaiblie. Un régime qui a tenu, mais qui n’est pas exempt de tensions. Les Occidentaux ont cru qu’il s’écroulerait, et ce fut leur grande erreur. Mais le conflit a coûté 200 milliards de dollars. Des logements et des industries ont été détruits. Le coût financier et économique est extrêmement élevé. La devise syrienne a perdu 82% de sa valeur et 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté. 70% des réserves pétrolières échappent à Damas. La reconstruction n’a pas commencé, notamment au niveau agricole. Tout le monde se pose la question de l’avenir du pays.

Des gagnants et des perdants en Syrie 

Les gagnants sont l’Iran et la Russie, mais à un certain prix. On ne sait pas combien de temps la Russie tiendra en Syrie. En Iran, l’intervention en Syrie est coûteuse et critiquée. Les perdants sont les islamistes. Cependant, ils sont toujours présent et réarmement. Ils risquent de recruter à l’Est, surtout vers la frontière irakienne. Les Américains n’ont plus de doctrine au Proche-Orient. Ils sont perdus sur l’accord entre le saoudiens et l’Iran. La France semble aussi perdue.

Des difficultés à venir pour la Syrie

La Syrie a réintégré la Ligue arabe. Même si on déteste Assad, on reste pragmatique comme l’a rappelé un intervenant. En fait, la réintégration de la Syrie dans la concert des nations arabes a commencé en 2018 quand on a vu l’armée syrienne appuyée par les Russes clairement reprendre le dessus. Il y a un espoir de reconstruction pour la Syrie. Des conditions ont été fixées: nouvelle constitution, lutte contre la drogue, retour des réfugiés, nouvelles élections… Elles sont difficiles à tenir. La population sunnite majoritaire a refusé de basculer pour l’opposition. Les chrétiens seraient entre 300 000 et 500 000. Deux tiers auraient quitté le pays pendant la guerre. Les chrétiens ont soutenu le pouvoir, mais par peur des islamistes. Tout concourt à les faire partir (pauvreté. etc.). La constitution respecte les religions et le statut personnel des citoyens. Mais dans la pratique, les conversions au Christianisme sont impossibles. Et plus on s’éloigne de Damas, plus le désespoir est fort chez les chrétiens. L’application de la loi islamique continue et les chrétiens ne peuvent évangéliser. Il devient impossible d’avoir des croix dans les écoles chrétiens et on ne peut avoir de chapelles. Le pire est passé, mais il peut encore advenir, surtout avec la pression de la paupérisation.

Cependant, les évolutions restent complexes: les orientaux semblent plus pragmatiques que les diplomaties occidentales. Le colloque a été conclu par deux prélats: Sa Sainteté Ignace Ephrem II, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, qui est le chef suprême de l’Eglise Syriaque Orthodoxe, et le cardinal Raymond Burke, ancien préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique et aussi ancien cardinal protecteur de l’Ordre souverain de Malte, qui a célébré une messe le lendemain pour le dixième anniversaire de l’association.

Votre responsablede pôle

Pauline Visomblain

Responsable relations presse