SOS Chrétiens d’Orient est mobilisée pour prendre en charge les réfugiés de l’Artsahk et leur permettre de rester dans les zones frontalières. Pour ne pas céder à “l’ennemi”.
Ce qui vient de se passer nous déboussole complètement. Depuis la guerre de 2020, la situation avait fini par se stabiliser. Nous étions passés des actions d’urgence aux projets planifiés. Nous sommes un peu contraints de repartir de zéro, lâche Aram Kayayan. La première fois que l’Azerbaïdjan a mis ses menaces à exécution, le dynamique Franco-Arménien a quitté son emploi dans l’Hexagone pour frapper à la porte de l’ONG SOS Chrétiens d’Orient, dont il est devenu le représentant permanent à Goris, la grande ville du nord-ouest du Syunik. Présente dans le pays depuis 2018, l’organisation caritative y déploie une équipe permanente depuis trois ans. Au siège parisien, les jeunes volontaires français font la queue dans l’espoir de s’envoler pour Erevan.
À la pointe de l’aide aux Arméniens, les équipes déjà sur place ont organisé des distributions quotidiennes de produits de première nécessité aux réfugiés de l’Artsakh dès le 19 septembre à la frontière. Dans les villages de Tegh, Kornidzor ou Tatev, en retrait, ils connaissent bien les familles, leurs soucis immédiats. Parfaitement identifiés par les autorités locales, les humanitaires français travaillent en lien direct avec elles pour compléter efficacement leurs actions. Après la nourriture pour bébés ou les produits d’hygiène, l’ONG va s’occuper de livrer des matelas, du bois ou du charbon aux relogés.
Sa stratégie consiste à leur donner les moyens de rester dans ces régions frontalières, où un dépeuplement complet serait comme un signal envoyé à “l’ennemi”. De Vardenis, au nord, à Goris, au sud, SOS Chrétiens d’Orient participe ponctuellement à des chantiers de reconstruction de bâtiments et finance plusieurs projets agricoles : la réintroduction de troupeaux, des serres pour accroître le rendement des cultures maraîchères, des mécanismes d’arrosage au goutte-à-goutte là où l’eau fait défaut, des abris pour les ruches.
Au passage, l’ONG en profite pour promouvoir la francophonie, qui recule ici aussi au profit de l’anglais. Dans les locaux de l’école de musique de Vardenis, ses donateurs lui ont permis d’équiper la classe de langue française inaugurée récemment, que fréquentent une dizaine de collégiens.
Depuis l’ouverture de l’antenne en Arménie, 170 volontaires encadrés par 6 collaborateurs s’y sont succédé pour mener à bien 200 projets ayant mobilisé 1,4 million d’euros au profit de 12 000 bénéficiaires, ont détaillé les deux fondateurs de SOS Chrétiens d’Orient, Charles de Meyer et Benjamin Blanchard, à Paris, début septembre, à l’occasion du dixième anniversaire de sa fondation. Grâce à sa réputation, l’ONG française, aux ramifications belges, suisses, italiennes et américaines, peut aujourd’hui mobiliser près de 60 000 donateurs privés. En progression constante, son budget annuel atteint 11 millions d’euros.
Sa priorité est de muscler sa force de frappe en Arménie, de développer son équipe permanente dans l’immense Éthiopie, de consolider ses bases en Jordanie et de prendre pied au Pakistan, où les chrétiens font partie des minorités ostracisées.