ne nous cachons pas derrière notre petit doigt !"
Benjamin Blanchard, directeur général de SOS Chrétiens d’Orient, était l’invité d’André Bercoff, mercredi 5 juin, sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, « Bercoff dans tous ses états ».
La situation des Chrétiens d’Orient s’est améliorée
André Bercoff interroge son invité, Benjamin Blanchard, sur la situation des Chrétiens d’Orient, entre la peur et l’espoir. Le directeur général de SOS Chrétiens d’Orient répond : « Je travaille avec toutes les équipes de Chrétiens d’Orient depuis 2013, donc on a vraiment connu les pires moments : 2013, 2014, 2015. On peut se souvenir que Daech occupait la moitié de l’Irak et une bonne moitié de la Syrie, quand le reste de la Syrie était occupé par d’autres groupes plus ou moins islamistes comme Al-Qaïda…
Aujourd’hui la situation s’est quand même améliorée. On ne peut pas dire que ça aille bien mais quand même ! Daech a été plus ou moins éliminé, pour combien de temps, on ne sait pas, mais actuellement Daech ne contrôle plus de grandes villes ni de grandes zones en Irak.
D’une part, la crise de confiance entre les Chrétiens et le reste de la population est entière, notamment en Irak. Les gens ont été chassés de chez eux par leurs voisins quand même. Le gouvernement leur demande de rentrer chez eux, ils y réfléchissent à deux fois, notamment dans des villes comme Mossoul où les Chrétiens sont en minorité, ils n’osent pas rentrer ».
« En Syrie, la situation s’est aussi améliorée mais on peut dire qu’il reste quand même de gros problèmes. La crise économique est énorme notamment due aux sanctions des Occidentaux qui veulent faire changer le pays de régime. Cette fois, ce n’est plus par la guerre mais par les sanctions économiques. Et une fois de plus qui paie le prix de ces sanctions ? Rassurez-vous, ce ne sont pas les ministres du gouvernement syrien, ni le président syrien, c’est la population ». Puis, André Bercoff veut connaître le nombre de victimes : combien étaient-ils il y a trente ans et combien sont-ils aujourd’hui ? « ça dépend des pays. Si on parle de l’Irak, il y a trente ans, ils étaient un million et demi de Chrétiens, aujourd’hui selon les chiffres les plus réalistes, on serait autour de 250.000. Le pourcentage de Chrétiens en Syrie a baissé de 9 à 6%. La situation est grave, ne nous cachons pas derrière notre petit doigt ! »
SOS Chrétiens d’Orient « a déjà livré pour 6 millions d’euros de médicaments à la Syrie »
Benjamin Blanchard tient tout de même à préciser que la situation change aussi selon les pays : « En Egypte, où la situation était plutôt favorable, ces dernières décennies, la démographie est plutôt en faveur des Chrétiens. On parle aussi de plusieurs centaines de milliers de conversions de musulmans. Mais la situation est d’autant plus inquiétante qu’il y a une emprise des Frères musulmans sur la société dans tous les domaines. Malgré les tentatives du président Sisi, c’est une société fondamentaliste beaucoup plus qu’en Irak ou en Syrie ».
Mais alors quel est le rôle sur place de SOS Chrétiens d’Orient ? « L’idée de départ c’était d’aider au maintien des Chrétiens en Orient. Il ne s’agit évidemment pas de forcer les gens à rester sur place. Mais il se trouve que certains ne veulent pas ou ne peuvent pas partir : ils n’ont pas les moyens ni la situation. Et donc notre but est d’aider ceux-là à rester sur place et avoir une vie décente. Ça passe par plusieurs choses : une aide caritative bien évidemment, matérielle et donc on va travailler dans l’aide d’urgence lorsque c’est nécessaire quand Daech occupait des villes entières et que les gens avaient besoin d’aide. On a déjà livré pour 6 millions d’euros de médicaments à la Syrie pour les hôpitaux. Le gouvernement, l’an dernier, a envoyé pour 500.000 euros de médicaments. On a également construit des hôpitaux de campagne, on aide à reconstruire des écoles. Et puis on aide aussi beaucoup les gens à reconstruire leur maison… Enfin, on a aussi un gros travail quant à la francophonie parce qu’on est convaincu de l’importance de la francophonie dans le monde et en particulier au Proche Orient ». Et il regrette : « La France a stoppé tout son soutien financier aux lycées français de Syrie et pourtant il y a une demande de francophonie ».