L’action de SOS Chrétiens d’Orient se caractérise par une volonté particulière : être au plus près des chrétiens du Proche-Orient. C’est pourquoi plus de 1500 volontaires se sont engagés à nos côtés. A travers des missions variées (distribution de nourriture, chantiers de rénovation, etc.) Cette expérience est pour eux l’occasion de découvrir de nouvelles cultures et de retrouver le goût de l’essentiel.
Ils vous partagent ici les raisons de leurs départs. Si leur témoignage vous donne l’envie de vous mettre au service des chrétiens d’Orient, envoyez votre candidature à notre responsable du pôle des volontaires : volontaires@soschretiensdorient.fr
Adhémar, ancien volontaire en Irak
« L’Orient est la Terre de naissance du christianisme et pourtant la situation des chrétiens dans ces pays est souvent méconnue par les Occidentaux. C’est pour cette raison que j’ai décidé de partir en humanitaire en Irak afin de mieux en connaître les situations politique et religieuse. Je pense que le meilleur moyen de s’instruire sur les conflits au Proche-Orient ainsi que de soutenir les populations qui y sont persécutées est d’y venir en humanitaire. Lors des visites régulières des familles en difficulté, ces dernières nous livrent leurs demandes en besoin matériels mais aussi leurs témoignages saisissants et qui nous permet de comprendre le quotidien d’un peuple en guerre depuis plus de 20 ans. La réalité nous rattrape alors, il faut sauver les chrétiens d’Orient. »
Jusqu’en 2003, le couple séjourne à Bagdad, là où ils se sont rencontrés pour la première fois. La chute du gouvernement de Saddam Hussein les contraint à s’installer à Mossoul, où le père ouvre une grande boutique de smartphones. A l’arrivée de l’Etat islamique, ils n’ont d’autre choix que de fuir dans un climat de panique. Ils abandonnent tout derrière eux. Déplacés à Erbil, ils sont d’abord hébergés dans un camp de fortune puis dans une caravane, où naît Lisa.
Il y a deux mois, avec ses maigres économies constituées grâce à des petits boulots journaliers, le père s’achète un touk-touk pour vendre des pistaches et amandes. Une situation temporaire puisque quelques jours après, il se le fait voler devant chez lui. Aujourd’hui, il est au chômage et se bat tous les jours pour nourrir sa famille.
Des histoires comme celle-ci, les volontaires en entendent quotidiennement. « Quand Daesh s’en prend à une famille chrétienne, celle-ci a le choix de donner une énorme somme d’argent, l’équivalent du prix de la maison, de se convertir à l’islam ou mourir », me confiait un jour l’un de nos interprètes.
« Souvent l’Organisation Etat islamique avait pour coutume de couper la tête de celui qui refusait d’abjurer. Il la livrait ensuite à la porte d’entrée de la maison familiale ou sur une place publique ! Mon père a été menacé à plusieurs reprises pour de l’argent. J’aurai pu vivre cette situation ! »
On pourrait croire que maintenant les batailles sont finies, que les Irakiens vivent tranquillement, mais, la plupart d’entre eux sont atteints de maladies très graves à la suite de chocs post traumatiques. Certains sont affamés car ils ne gagnent pas d’argent par manque d’emploi. D’autres sont soumis à un stress permanent car ils ignorent s’ils devront fuir à nouveau, si Daesh reviendra frapper chez eux.
Mais cette crise humanitaire ne leur retire pas leur générosité et leur courage. A chacune de nos visites, tous sans exception nous accueillent chaleureusement sur leur grand canapé et se précipitent dans la cuisine pour préparer du thé, du café, ou encore de merveilleuses viennoiseries irakiennes. Pas question de refuser même si nous sommes déjà rassasiés par les sucreries dégustées dans la famille précédemment visitée.
Ils nous apportent beaucoup de baume au cœur ! Alors que nous ne nous connaissons pas, ils nous prennent dans leur bras et nous invitent à déjeuner chez elles. C’est véritablement ici que j’ai compris les notions d’hospitalité et de fraternité.
***
Un volontariat responsabilisant.
En tant que responsable des projets, j’ai été amenée à parcourir les différents lieux de mission des volontaires.
Au cours de cette virée, en présence du chef de mission et du secrétaire général, j’ai découvert des paysages somptueux, j’ai fait des rencontres extraordinaires et gérer des projets qui ont du sens, tel que celui de la rénovation de la cathédrale d’Aqra. Cet édifice pillé, volé, et abandonné mérite de retrouver ses couleurs afin d’accueillir les anciens habitants de la ville qui l’ont fréquenté pendant leur enfance.
Par la suite, je suis nommée chargée de communication. La charge de travail augmente et les déplacements aussi. Me voilà repartie en tournée.
Sur la route, en direction de Badaresh, nous croisons des vaches, des moutons ou encore des oies qui traversent l’autoroute, aux points de contrôle. Nous rencontrons des vendeurs de Mazboufs, apercevons des temples yézidis, des voitures où sont entassées dix personnes, roulons sur des sentiers cabossés ou encore, des mendiantes debout entre les deux voies de l’autoroute, avec leur bébé dans les bras. Pour les Irakiens, tout cela paraît bien ordinaire mais pour nous occidentaux c’est totalement absurde !
L’esprit de la mission.
Ce 27 novembre 2019, je dois me rendre au camp de Bardarash où sont entassés 10.000 réfugiés syriens. Touché par l’offensive turque surnommée « Source de paix », le Nord-Est de la Syrie a vu fuir des dizaines de milliers de familles syriennes, dont certaines qui ont franchi la frontière pour survivre aux bombardements. En octobre déjà, nous étions venus distribuer 150 colis alimentaires pour apaiser la faim de quelques femmes, enfants et pères.
En l’unique compagnie du secrétaire général et d’Abu Dany, nous allons livrer 30 brouettes, afin de permettre aux familles d’acheminer leurs provisions entre les zones de stockage et leurs tentes. Autour de nous, les gamins jouent dans la terre et les femmes étendent leur linge. Devant les zones de stockage, les enfants avec des bidons à la main font la queue pour s’approvisionner en eau. L’atmosphère est tendue. Je me sens très mal à l’aise et à la fois reconnaissante de tous les sourires que je reçois.
Sur le chemin du retour, afin de nous détendre, Abu Dany fait un détour par le monastère de Mar Matti, l’un des plus vieux au monde. Une touchante attention ! Nous ne devions restés que quelques minutes, nous en repartons plusieurs heures plus tard. Le prêtre nous reçoit chez lui pour le déjeuner. Nous n’avons pas pu refuser ! Cela fait partie de l’esprit de la mission. Les choses ne se passent pas toujours comme prévu, il n’existe pas de journée type. Aucun jour n’est banal, tous les jours sont uniques.
Au contact des chrétiens d’Orient et des volontaires, j’ai énormément appris sur l’histoire, la culture, la spiritualité et l’Homme. Même entre volontaires, l’expérience est enrichissante, car nous partageons cette même envie d’aider les chrétiens d’Orient, mais chacun a sa propre vision, avec son propre passé et ses propres croyances.
Il m’est impossible de raconter l’intégralité de ce que j’ai découvert en à peine deux mois, mais je peux vous assurer que c’est la plus belle expérience de ma vie. Les chrétiens d’Orient sont sans aucun doute des victimes innocentes des conflits des puissants ! Je les ai rencontrés, je les ai écoutés, ils ont besoin de nous. Le sort des chrétiens d’Orient est oublié, puisqu’on n’en parle pas du tout dans les médias.
L’Irak est un pays abimé par les guerres, mais recèle un grand potentiel, tant par ses paysages et lieux historiques, que par la richesse de toutes ses civilisations, langues et cultures.
J’ai encore et j’aurai toujours beaucoup à apprendre de l’histoire du Proche-Orient et du sort des chrétiens, c’est la raison pour laquelle, après deux mois en France, je suis de retour en Irak pour conclure ce texte commencé en novembre dernier.
Laurie, volontaire en Irak.
Responsable des volontaires